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Au temps où Dieu vivait sur la terre, un rustre caché dans un
bois voulut lui faire peur et cria brusquement :
« Oche ! »
Dieu lui dit : « Tu seras comme tu l'as dit, un ours » (oche
en patois)
et c'est comme cela que les ours sont venus au monde.
Un récit des Pyrénées rapporte que, lorsque Dieu passait,
un homme se mit à grogner, et que Dieu le changea en ours pour
qu'il grogne à son aise.
On raconte en Béarn que Jésus-Christ rencontra un jour un paysan
caché derrière une barrière :
« Qui est là ? demanda-t-il.
Un ours, répliqua l'autre par manière de plaisanterie.
C'est bien, répondit Jésus, tu as dit ours, ours tu seras.
»
On a cru longtemps qu'en chevauchant un ours on était préservé
de la peur et cela a donné lieu a un proverbe :
Il dit qu'il a du cur,
Qu'il a monté sur l'ours et qu'il n'a plus peur.
Femme ainsi que rien ne redoute.
A monté dessus l'ours sans doute.
Quiconque peut chevaucher un ours pendant neuf pas d'un seul tenant sera affranchi de neuf paires de maladies, (sauf l'épilepsie).
La forme quasi humaine des pattes de la taupe et de la chauve-souris a suggéré
des légendes qui les représentent aussi comme des personnages
ayant éprouvé une métamorphose.
On dit en Forez que Dieu pour punir les fées qui s'étaient
révoltées contre lui, les changea en darbons ou taupes,
et les condamna à ne jamais voir le jour.
Les jardiniers de l'Yonne ont soin de bêcher leur terre le mardi de Noël, où le mardi suivant au plus tard, entre deux soleils, et la tête nue, afin de n'avoir plus de taupes.
En Haute-Bretagne, pour être heureux au jeu, il faut porter sur
soi un os de taupe;
mais elle doit avoir été tuée en amour, et ses os enlevés
un à un sont mis dans un ruisseau qui vient d'une fontaine;
celui seul qui remonte à la surface possède de la vertu.
Dans la Flandre française , une patte de taupe porte bonheur à celui qui l'a sur soi;
en Berry, un os de taupe, placé sous l'aisselle gauche, préserve des maléfices;
en Beauce, celui qu'une chauve-souris heurte à la figure devient aveugle;
en Lorraine, un sachet renfermant la langue d'une taupe fait revenir la mémoire.
Dans les Vosges, les bonnes dames ont disparu depuis que les prêtres
récitent l'Evangile selon saint Jean;
elles demandèrent alors à être changées en taupes,
et aujourd'hui on croit que les ravages commis par elles dans les potagers sont
l'uvre d'anciennes fées.
Celles qui habitaient le Puy de Préchonnet devinrent chauves-souris lorsqu'elles eurent formé le vu téméraire de voir leur jolie montagne s'élever à la hauteur du Puy-de-Dôme.
Un récit du pays de Tréguier raconte en quelles circonstances
la chauve-souris se montra sur la terre, et pourquoi elle participe de la nature
de l'oiseau et de celle des mammifères.
Au temps jadis une souris vint demander l'hospitalité à
une hirondelle qui avait bâti son nid dans une vieille cheminée
et y couvait ses ufs;
celle-ci que son mari avait abandonnée y consentit, mais à la
condition que durant trois jours, la souris couverait à sa place.
La souris accomplit sa tâche, puis elle partit.
Voilà les petits éclos, mais ils étaient couverts de poils
au lieu de plumes, et il avaient une tête et un corps de souris, avec
des oreilles et des ailes crochues comme le diable.
L'hirondelle en mourut de chagrin;
après ses funérailles, la reine des hirondelles fit enfermer les
orphelins dans le cloître de Tréguier, et leur défendit,
sous peine de vie de jamais sortir à la lumière du soleil.
Voilà pourquoi on ne voit jamais de chauve-souris pendant le jour.
En Lorraine, si en volant le soir cette bête fait ses excréments
sur la tête nue d'un enfant, il ne tardera pas à avoir la teigne;
en Alsace, pour se garer de ce danger ou de la calvitie, les enfants
qui se trouvent sans coiffure s'empressent de se couvrir la tête avec
les deux mains quand une chauve-souris vole autour d'eux.
Au XVIème siècle, on prétendait que la chauve-souris mangeait
la poudre et suçait l'huile des lampes.
Cette dernière accusation est encore portée contre elle en Bretagne,
où on la cloue vivante sur les portes sous prétexte qu'elle
boit celle des vases sacrés.
Plusieurs particularités des animaux sont l'objet d'explications populaires;
comme celle de l'origine du bec-de lièvre.
Un jour que la grenouille et le lièvre devisaient ensemble près
d'une marnière, la bruine vint à tomber :
« Vite, dit la grenouille, déchausse-toi, et fuis dans ton gîte;
moi je me sauve à l'abri ! »
Et d'un coup elle est au fond de l'eau :
« Quelle pécore ! dit le lièvre, elle se jette dans l'eau
pour ne point se mouiller ! »
Et il se mit à rire de telle façon que sa lèvre se fendit.
On raconte en Ille-et-Vilaine que les lièvres, fâchés d'être
mals vus de tout le monde, se rassemblèrent pour aller se noyer;
en arrivant sur les bords d'un étang, toutes les grenouilles se mirent
à crier.
« Il y a encore des bêtes qui nous craignent ! » se dirent
les lièvres et ils rirent tant que leur gueule est restée fendue
depuis.
La petitesse de la queue du lièvre tient aussi à des circonstances légendaires.
On raconte en Nivernais que le diable ayant percé l'arche avec un vilebrequin, Noé qui n'avait pas de cheville pour aveugler la voie d'eau, coupa la queue du lièvre et s'en servit pour boucher le trou à la hâte.
On croyait en Normandie que, lorsqu'il apparaissait dans une assemblée
où l'on buvait, les convives, pris d'une indicible rage; se ruaient
les uns sur les autres;
son arrivée au milieu d'un combat semait la terreur parmi les
gens qui se débandaient et s'enfuyaient en désordre;
enfin il provoquait la panique dans les foires.
L'usage de frotter, de temps en temps, avec de la cervelle de lièvre,
les gencives des enfants pour que les dents sortent sans douleur est assez répandue
: au XVIème siècle, on la faisait bouillir auparavant.
On lui attribue encore une autre vertu :
Cervelle de lièvre mangée
Guérit la crainte et le tremblement.
Le blaireau passe pour avoir les pattes d'un côté plus
longues que celles de l'autre;
c'est en raison de cette particularité que l'on croit en Poitou qu'il
est obligé de marcher dans les ornières,
en Hainaut de se placer dans les sillons pour être en état de courir.
En Haute-Bretagne et en Anjou, si l'on frotte les souliers d'une jeune fille avec de la graisse de blaireau, tous les chiens viennent pisser sur ses pieds.
Vers le milieu du XIXème siècle, les paysans de la partie bretonnante
des Côtes-d'Armor ne chassaient pas les belettes des maisons car il croyaient
qu'elles y apportaient la chance;
dans le Finistère, où on les considère comme des bêtes
très utiles, on perdrait à bref délai la plus belle vache
de l'étable, et l'on disait que celui sur lequel cet animal arrêtait
son dernier regard mourait dans l'année.
Dans la Montagne Noire, si on avait tué une belette ayant ses petits, toute la nichée serait venue manger le linge jusque dans les armoires.
Dans le Cher, celui qui a avalé tout saignant le cur d'une belette devient somnambule.
En Poitou, si une belette passe sur le dos d'une personne ou d'un animal, ils ne pourront se relever, ou tout au moins ils éprouveront une déviation de la colonne vertébrale.
En Auvergne, une femme ou une fille qui met le pied sur un hérisson, dans les champs, devient enceinte et, au bout de neuf mois, accouche de hérissons en grand nombre.
Dans la Haute-Loire, il suffit qu'une femme, à l'époque de ses
mois, passe sur un hérisson caché sous des feuilles pour qu'elle
devienne grosse;
six semaines après, elle fait un plein panier de petits hérissons.
En Normandie et en Bretagne, on croit qu'il se roule sur les pommes tombées
et en emporte des tas dans les trous où il amasse ses provisions.
On prétend même aux environs de Liège, qu'il grimpe dans
les pommiers, pour en faire tomber les fruits.
Dans les Côtes-d'Armor, on lui attribue une maladie des jambes dont les
vaches crèvent, et qui s'appelle les hérissons;
on assure dans la Manche que la vache qui mange l'herbe sur laquelle
une femelle de hérisson en chaleur a passé ou pissé devient
malade.
En Ille-et-Vilaine, si, avant d'être menée au taureau et le jour qui suit la saillie, elle pâture dans un endroit où s'est promené un hérisson, elle sera enhérissonnée, et elle vêlera péniblement.
En Wallonie, en Ile-et-Vilaine et en Basse-Bretagne, on prétend que le hérisson tète les vaches.
Un auteur du XIIIème siècle parle de la subtilité attribuée à l'écureuil qui, lorsqu'il a un cours d'eau à traverser, se place sur un morceau de bois, et, se servant de sa queue comme d'une voile, ne tarde pas à arriver à l'autre bord.
Un auteur du XVIIème siècle nous rapporte une particularité
sur les marmottes des Alpes :
lorsque les herbes destinées à garnir leur terrier d'hiver étaient
sèches, l'un d'eux se couchait sur le dos, ses compagnons le chargeaient
tant qu'il pouvait embrasser entre ses quatre pattes, après quoi ils
le prenaient par la queue et le conduisaient ainsi jusqu'à la
porte de la tanière;
c'est ce qui fait que la plupart de ces animaux ont le dos tout pelé.
Au XVIème siècle, le médecin Mizault relevait l'emploi
amulétique de la corne de cerf :
« la femme en faisait porter sur soi à son mari afin qu'il fût
toujours en bonne intelligence »;
en Franche-Comté, beaucoup de personnes, les femmes surtout gardent précieusement
ces cornes, qui ont la propriété d'éloigner la foudre.
Aux environs de Montauban, on déposait des fragments dans les étables
pour préserver les bêtes à laine de la clavelée;
au XVIème siècle, on en ornait les bufs et les chevaux afin
qu'ils ne fussent jamais malades.
En Sologne, vers 1840, des gens se mettaient au cou, pour être
à l'abri des convulsions, un pied d'élan.
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