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Arbres, arbustes | Arbres, arbustes (suite) | Plantes (suite) |
Myrtilles, ronces, roses blanches, sureau, tremble, floraisons miraculeuses, cerisier, pommier, laurier, églantier, néflier, noisetier, bouleau, aubépine, figuier, noyer, transmettre sa maladie à un arbre, pêcher, l'épingle, noix, clématite, arbres fendus, pomme, genévrier, arbre qui chante, rosier, frêne, jasmin, ronce, chêne. | Figuier, arbre qui égare, bâtons qui reverdissent, miracle des roses, baguette de coudrier, noisettes. | Champignons, carottes, blé, chardons, chanvre, herbe d'or, herbe du pic, herbe qui égare, plantain, anis, herbe qui déferre, serpolet, fève, moutarde sauvage, coquelicot, pensées blanches, oignon, millepertuis, pimprenelle, verveine, marguerites, joubarbe, fougère, colchique, chebe, pissenlit, mousse, fenouil, hellébore, trèfle, cresson, chanvre, patte de corbeau, flèche, gui marin, concombre, asperge, chou. |
Plantes | ||
Blé, herbes, herbe de Jérusalem, lys d'or, bénédiction des semences, persil, rue, melons, carottes, lin, courge, champignons, absinthe. |
Une petite légende de l'origine des myrtilles qu'on raconte à Autun est fondée sur une analogie entre la forme et la couleur des baies et celles d'un objet connu : cet arbuste et ses fruits ronds et bruns sont nés des grains du chapelet qu'un saint ermite égrena, avant de mourir, sur la montagne de Saint-Claude.
Les paysans des Côtes-d'Armor ont une légende facétieuse sur les lianes piquantes des ronces : jadis les ronces tenaient auberge, mais elles firent crédit à tant de monde, qu'elles ne purent payer leurs créanciers et furent obligées de chercher leur pain; depuis elles accrochent les gens pour tâcher d'être payées.
Voici pourquoi, dit-on en Gascogne, la rose blanche est bénie
: la Vierge cultivait un pied de roses rouges;
un jour qu'elle n'avait pas d'eau pour l'arroser, des voisins lui en apportèrent,
mais Joseph altéré par la fièvre la but; les roses
se desséchèrent et l'Enfant Jésus, qui avait coutume
de s'amuser avec, se mit à pleure en les voyant en cet état;
alors Marie laissa tomber une goutte de lait sur les roses flétries,
qui reprirent vie aussitôt et devinrent toutes blanches.
Le goût de certains fruits a subi des modifications qui se rattachent à la légende : on raconte en Haute-Bretagne que les baies de sureau étaient autrefois excellentes, mais depuis que Judas s'y est pendu, elles sont devenues si amères qu'on ne peut les manger.
On dit en Forez que le tremble a été condamné a
trembler éternellement à cause de son orgueil;
seul de tous les arbres il refusa de s'incliner devant saint Pardoux.
Aux environs de Dinan où chacune de ses feuilles est une âme d'enfant,
si elles sont blanches en dessous, c'est qu'au pied de ces arbres se trouvent
des pièces d'argent; l'endroit est indiqué le vendredi,
à minuit, par un rayon de lune qui l'éclaire pendant une
seconde; c'est pendant ce court espace que la pioche du chercheur peut atteindre
le trésor.
Les arbres participent, comme les animaux et les êtres fantastiques,
aux merveilles de la nuit de Noël.
On dit en Haute-Bretagne qu'il y a alors dans chaque buisson de coudrier une
branche qui se transforme en rameau d'or.
Pour la cueillir, il faut la couper, entre le premier et le dernier son de minuit;
mais celui qui n'y réussit pas disparaît à tout jamais;
cette baguette égale en pouvoir celle des plus grandes fées.
Suivant une croyance qui semble surtout répandue dans l'est de la France, on peut être témoin à cette époque de floraisons miraculeuses : dans les Vosges on était certain, en rentrant après la messe de minuit, de trouver fleurie la branche de cerisier qu'on avait mise, avant d'y aller, dans un vase rempli d'eau.
En Franche-Comté, la jeune fille qui cueille, le jour Sainte-Catherine, trois branches de trois arbres quelconques et les place dans une bouteille d'eau à Noël, les voit fleuries en revenant de la messe de minuit.
Suivant une croyance des environs de Dinan, le pommier planté
le jour de la naissance d'un enfant souffre lorsque celui-ci est malade, et
si devenu homme, il meurt, l'arbre se dessèche et dépérit;
on dit dans le sud de la province de Liège qu'à la mort d'un homme,
tous les arbres qu'il a plantés meurent aussi.
En Haute-Bretagne, on dit que les arbres près des maisons
veulent voir ce qui s'y passe.
Des arbres sont, comme les animaux domestiques et les insectes familiers, l'objet
de prévenances dont quelques-unes supposent qu'ils se rendent
compte de ce qu'on leur dit, ou de ce qu'on leur fait.
Dans les Vosges, on avertit le laurier de la mort du maître du
logis, en le secouant légèrement et en lui disant :
« Votre maître est mort, vous changez de maître. »
Cette précaution l'empêche de sécher; parfois on lui fait
aussi porter le deuil.
En Limousin, lorsque le lait d'une vache tarit pour une cause inconnue, on
suspend une branche d'églantier aux poutres de l'étable;
dans l'Ain, une branche de néflier fixée au plafond garantit
le bétail des enchantements.
En Dauphiné, pour éloigner les chenilles d'un champ de colza
ou de choux, on plante des baguettes de noisetier, de la première
poussée, d'un an, à chacun des angles, moins un qui doit
servir de porte de sortie aux chenilles, et l'on dit : « Insecte rongeur,
je te chasse au nom de N.-S. J.-C. »
Lorsque les branches ont été fichées à chaque
coin, on voit sortir les chenilles par celui que l'on a laissé sans baguette;
cette opération doit être faite avant le soleil levé, ou
après le soleil couché; si un chien aboie, ou si quelqu'un
aperçoit l'opérateur, la conjuration est sans effet.
Dans l'Yonne, le 1er mai, on dépose des bouleaux ou des branches d'aubépine blanche à la porte des étables et sur les fumiers pour empêcher les serpents de s'y multiplier et de venir téter les vaches.
Le figuier a cette vertu occulte qu'un taureau effaré, sitôt qu'il y est attaché, incontinent s'adoucit.
Dans l'Ardèche, pour éviter la fluxion de poitrine on doit, quand
on s'est reposé sous un noyer, lancer une pierre contre lui.
Celui qui s'endort à ses pieds éprouve aussi de graves inconvénients
: dans la Corrèze, il se réveille avec la fièvre quarte.
On croit dans la Gironde que la nuit on peut séjourner impunément
dessous, parce que sans doute il n'y a plus d'ombre;
dans les Deux-Sèvres celle-ci est même saine après le soleil
couché.
Suivant une croyance très répandue, on peut se débarrasser
des maladies en les transmettant à des arbres.
Le procédé qui consiste à les y attacher est l'un des plus
fréquents.
Au XVIIIème siècle, l'usage de se lier à leurs troncs
avec une corde ou quelque autre lien de bois ou de paille, et de demeurer quelque
temps en cet état, pour être guéri des fièvres, était
assez fréquent.
D'après certains, il fallait opérer de grand matin, à jeun,
mordre l'écorce avant de se retirer et laisser pourrir le lien.
Le plus profond mystère était indispensable;
si l'acte n'avait été vu de personne, la guérison était
certaine.
On voyait assez souvent dans les vergers, des liens de paille tournés
autour des troncs, à des hauteurs ne dépassant pas celle d'un
homme ordinaire;
celui qui voulait essayer, pour lui-même ou pour autrui, ce moyen de guérison,
fixait sur l'arbre, vers la hauteur de la partie malade, un lien qui devait
l'avoir touchée et il récitait une prière quelconque.
Mais, sitôt la ligature faite, il s'enfuyait à toutes jambes;
on recommandait aux enfants, sous peine d'attraper le mal, de ne pas y toucher.
Par sa seule puissance le pêcher guérit les fièvres.
A Marseille, après avoir attendu assez longtemps pour que la fièvre
puisse être coupée sans danger, le malade doit s'endormir à
l'ombre d'un pêcher, le dos appuyé au tronc; deux ou trois heures
suffisent; le fiévreux se réveille guéri, mais le pêcher
commence à jaunir, perd ses feuilles et fini bientôt par mourir.
D'ailleurs le pêcher est l'arbre maudit des sorciers; ceux-ci,
paraît-il, ne peuvent guérir leurs malades qu'à la condition
de porter leur malédiction sur lui.
La plantation du clou ou de l'épingle a aussi pour but de transmettre
l'incommodité dont on désire se délivrer.
Dans les Vosges, le clou qui avait fait le tour d'une dent malade était
ensuite enfoncé dans le tronc avec la ferme volonté d'y clouer
le mal à la même place.
A Dagueux, dans l'Ain, un arbre était couvert d'une multitude de clous
enfoncés par les gens du pays pour se débarrasser du mal de dents.
A la fin du XVIIIème siècle, les paysans bretons appliquaient
sur la dent malade une noix aussi chaude qu'on pouvait la supporter;
la douleur passait et la dent tombait en morceaux.
En Poitou, on fait griller dans le feu de la Saint-Jean des noix fraîches, encore attachées à la branche, et on y mord quand elles sont toutes chaudes.
Dans la Haute-Garonne, pour faire disparaître le mal de dents, on se met sur le pouce une feuille de clématite.
En Normandie, pour que les premières dents d'un enfant poussent sans douleur, on lui fait sucer un morceau de pomme.
Une pratique assez usitée consiste à enfouir des feuilles
ou des fruits qui ont été en contact avec le mal.
En Basse-Normandie, après avoir frictionner les verrues avec la pépinière
d'une pomme séparée par le milieu, on la jette sur le fumier et
la verrue disparaît quand la pomme est pourrie.
En Béarn et en Haute-Bretagne, on coupe une pomme en quatre, et
quand le mal a été frotté avec un quartier, on le remet
avec les autres et on enterre le fruit ainsi reconstitué.
Dans la Lozère quand une vache est malade pour avoir été
tétée par un serpent, on enfouie un rameau de genévrier
sous un pavé de l'étable;
à mesure qu'il pourrit la bête commence à guérir.
Le passage à travers un arbre fendu ou troué a été
souvent employé pour la guérison des malades en bas âge
et plus souvent des adultes.
Au XVIIIème siècle, les femmes dont les enfants étaient
infirmes les portaient dans un certain endroit près de Villars-en-Dombes,
où ils trouvaient une vieille qui leur indiquait la manière de
procéder et d'invoquer les esprits, et les conduisait au lieu propice.
Les langes du petit malade étaient suspendus aux buissons voisins, et
une épingle était piquée dans un arbre;
ensuite la mère passait par le trou de l'arbre son enfant tout nu, qui
était reçu de l'autre côté par la vieille;
en même temps elles adjuraient les esprits de la forêt voisine de
reprendre le poupon maladif qu'elles avaient déposé dans le berceau,
et de le leur rapporter, gros, gras et bien portant, celui qu'ils leur avait
dérobé.
Cette cérémonie était répétée neuf
fois, puis les matrones exposaient au pied de l'arbre l'enfant tout nu sur
la paillasse du berceau, allumaient deux cierges longs d'un pouce, les plaçaient
sur le tronc, puis elles s'éloignaient en attendant qu'ils fussent consumés,
et s'écartaient assez pour ne pas voir l'enfant ni entendre ses vagissement.
Un écrivain de la Renaissance constate en Poitou la coutume du passage
à travers l'arbre :
« Les chasseurs usent d'un approuvé remède, c'est qu'ils
fendent par le milieu un arbrisseau de chesne et font passer tout au travers
d'iceluy tant les chiens que les chasseurs : ce qu'estant faict, il leur est
advis qu'ils ont rompu toute sorte de charme. »
Vers 1810, à Attigny dans les Ardennes, un enfant atteint d'une hernie fut passé, au coup de midi sonnant, à travers un baliveau fendu sur pied.
En Périgord, pour se guérir des furoncles, il faut passer neuf fois sous une tige de ronce que le hasard aura plantée par les deux bouts.
Plusieurs récits parlent d'un animal merveilleux donné par une
fée à une jeune fille persécutée par sa marâtre.
A l'endroit où fut enterré le foie d'un mouton noir qui
fournissait à une bergère tout ce dont elle avait besoin, croît
un arbre si haut qu'on ne pouvait atteindre les premières branches avec
la plus longue échelle, et dont le tronc était si lisse qu'il
était impossible d'y monter;
mais ses fruits s'abattaient pour que la petite Annette pût les cueillir.
L'agneau d'une princesse ayant été tué par sa marâtre,
une belle dame lui dit de planter les quatre pieds dans une lande;
il y vient deux pommiers et deux poiriers aux fruits superbes,
dont les branches s'inclinent d'elles-mêmes quand la jeune fille a envie
d'en manger.
Les âmes condamnées pour un temps à revêtir l'apparence
d'arbres figurent dans plusieurs récits bretons;
Lorsque Efflam se rend au palais du Soleil, il passe par un chemin creux où
deux vieux chênes enracinés sur le talus se heurtent avec
fureur;
ils s'interrompent pour l'interroger, et ils le prient de demander au Soleil
pourquoi, depuis trois cents ans, il les retient et les force à se battre
sans un moment de repos.
Le dieu lui apprend que c'était deux époux qui se disputaient
et se battaient continuellement et que leur supplice ne cessera que lorsqu'il
auront écrasé un homme entre eux.
Les arbres, les fleurs ou les fruits qui chantent figurent dans un assez
grand nombre de contes.
En Corse, tous les arbres d'une forêt se mettent à chanter sur
le passage d'une héroïne.
Plus ordinairement le héros doit conquérir ceux qui sont doués
pour cette faculté.
Tels sont :
- l'arbre qui chante des récits basques et de la Provence;
- le laurier qui chante d'un conte champenois, la rose qui chante
d'un conte lorrain, la feuille qui chante d'un conte wallon;
- la fleur qui chante d'un conte mentonnais.
Les fruits qui chantent sont encore plus nombreux, et d'ordinaire c'est
une pomme qui a ce privilège;
dans un conte de Saint-Malo, elle est tout en haut d'un arbre, et si celui qui
y grimpe touche un seul de ses autres fruits, il est sur-le-champ métamorphosé
en pierre;
en Corse, la poire qui chante opère des merveilles quand on lui
a adressé une espèce de conjuration.
Quelquefois des fleurs musicales poussent à l'endroit où a été enterré un enfant tué par son frère ou par sa sur.
Dans un conte Wallon, il y vient un rosier, un berger ayant cueilli
une rose, dès qu'elle est dans sa bouche, elle se met à
chanter et révèle le nom de son assassin.
Dans un autre conte Wallon, le frêne croît sur la tombe d'une
sur assassinée par son frère pour lui prendre la fleur merveilleuse
qu'elle a réussi à cueillir;
longtemps après, un berger se fait avec un rameau de cet arbre un sifflet,
qui, en passant de main en main, nomme le meurtrier.
Dans un conte publié par la Semaine des Familles (1865-1866),
un frère noie sa sur dans une fontaine;
il s'en repent et va pleurer auprès;
une rose émerge du fond de l'eau, et chante pour dire que sa sur
lui pardonne.
Un fruit à la mimique révélatrice figure dans un
conte gascon;
c'est la Pomme qui danse, rouge comme un coquelicot;
elle découvre la méchante femme qui a ordonné de jeter
à la mer deux orphelins, en se mettant à danser, danser,
jusqu'à ce qu'elle se pose, sans plus bouger, sur la tête de la
coupable.
Certains actes pratiqués sous des arbres de diverses espèces
procurent des avantages ou amènent l'accomplissement de vux.
Dans la Gironde, lorsque le premier enfant est un garçon, et qu'on désire
avoir des filles, il faut lui couper les ongles sous un rosier.
La même opération faite sous un rosier blanc, un jasmin
ou un figuier assure à l'enfant une belle voix.
Il est vraisemblable que l'on a cru que certains fruits pouvaient, comme la
pomme de l'Eden, communiquer la science :
on prétend, aux environs de Dinan, qu'une jeune fille qui ferait cuire
dans l'eau d'une fontaine, dont la source arrose un cimetière, une pomme
de chêne parvenue à une certaine maturité deviendrait
aussi savante qu'une fée d'autrefois.
Les arbres sont quelquefois associés à des opérations
qui se rattachent à l'amour.
On disait au XVème siècle : « Se une femme veult que
son mari ou amy l'aime fort, elle doit mettre une fueille de gauguier
(noyer), cueillie la nuit saint Jehan tandis qu'on sonne nonne, en son souler
du pied senestre, et sans faulte il l'amera moult merveilleusement. »
En Béarn, l'arbre qui étend ses rameaux sur une maison, présage des revers à ses habitants : dans les Landes, une rose qui, restée seule sur sa tige, est tournée vers une habitation, indique que l'un de ceux qui y demeurent cessera bientôt de vivre.
Les fruits ou les feuilles favorisent les rêves amoureux
:
les jeunes lorraines, désireuses de connaître en songe le nom de
celui qu'elles épouseront, mangent en se couchant, la veille de la Saint-André,
une pomme en formulant leur désir, mais il faut qu'elle ait été
mise dans leur poche à leur insu.
D'après une légende du Morbihan, la femme qui mange une feuille de chêne, auquel a été pendue une sorte de martyre, est certaine d'avoir un enfant.
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