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Suivant de nombreuses légendes recueillies en France, en Wallonie, et
dans la Suisse romande par des observateurs qui les ont notées sans parti
pris, et quelquefois sans soupçonner leur importance, la terre que
nous foulons ne forme pas une masse compacte;
elle est percée d'une multitude de trous, tantôt presque
superficiels, tantôt très profonds, de galeries qui aboutissent
à des microcosmes, et l'on y rencontre même, à des étages
variés, de véritables mondes.
Si l'on considère au point de vue de leur composition matérielle les dessous de la terre qui, on le verra, sont assez compliqués, ils se divisent en :
a) parties solides dans lesquelles sont creusés des compartiments.
b) parties aqueuses.
c) partie centrale ignée.
La croyance à une mer intérieure, peu distante de la terre
des hommes, a été relevée en Bretagne, et sur des points
assez différents.
D'après une tradition bien connue dans la partie celtique, la
péninsule armoricaine repose sur un océan souterrain.
On en donne même des preuves;
c'est ainsi que la source de Coat an Roc'h communique avec lui;
un canard qui y fut lancé jadis reparut, à une semaine
de là, dans une rivière de Landévennec, au fond de la rade
de Brest.
En divers endroits de la Haute-Bretagne, on assure que la mer s'avance sous
terre jusqu'à une assez grande distance des côtes.
Lorsque l'eau qui venait envahir des fondations était difficile
à épuiser, j'ai plusieurs fois entendu dire que cette circonstance
était due à un « bras de mer » dont on avait en quelque
sorte ouvert la veine.
L'eau salée ne monte pas toujours jusqu'à la voûte rocheuse
qui recouvre ces espèces de baies souterraines;
mais on dit qu'en certains endroits cette croûte n'a qu'une faible
épaisseur, et qu'elle risquerait de s'écrouler sous un
fardeau trop lourd.
Un jour que la duchesse de Rohan était forcée de passer
en carrosse près de la source du Gouessant (Hte-Bretagne), à trente
kilomètres du rivage, elle ordonna à son cocher de fouetter vigoureusement
les chevaux, parce qu'elle savait qu'un bras de mer s'étendait au-dessous
de cette partie de la route.
Cette conception existe en d'autres pays de France, mais elle n'est
pas toujours exprimée avec autant de netteté.
D'après un récit gascon, la mer est sous l'église
bâtie à Agen en l'honneur de saint Caprais :
des mariniers, s'étant trouvés à passer au-dessous, ont
entendu la musique de l'orgue et reconnu la voix des enfants de chur.
Le menhir de Saint-Samson, près Dinan, est la clé
de la mer;
si on parvenait à l'enlever, elle envahirait immédiatement
toute la France;
la mer a trois clés, l'une dont une mauvaise femme de Bretagne
s'est emparée avec l'aide du diable, une autre qui est dans les
pays lointains, et enfin celle de Saint-Simon.
Quelques récits de la Haute-Bretagne parlent, presque toujours à
l'occasion du voyage accompli par les défunts pour se rendre
à leur destination, de la « mer qui est au-dessous de nous ».
On explique pas comment les trépassés y arrivent pour prendre
place dans une espèce de barque à Caron,
bien plus vaguement décrite que les bateaux qui, sur divers points de
la Bretagne, et à ciel ouvert, viennent recueillir les trépassés
pour les conduire, à travers les Océans, à des îles
mystérieuses.
Mais la croyance à cette navigation posthume est attestée par
diverses observances, et surtout par l'usage, pratiqué jusqu'à
nos jours dans quelques communes des environs de Dinan, de placer dans le cercueil
des morts du pain béni aux relevailles, qui servira à les
nourrir pendant le long voyage qu'ils ont à faire sur la mer souterraine.
(Une coutume analogue était observée
dans le Bugey et dans la Gironde, consistant à placer une pièce
de monnaie dans la main du mort et destinée à payer le passage
de la barque.)
Lorsque ceux destinés à l'enfer ont débarqué
sur le rivage, ils montent un chemin fleuri où se trouvent quatre-vingt-dix-neuf
auberges;
ils ont la permission d'y boire tout ce qu'ils désirent;
mais la centième est la maison du diable et l'entrée du
lieu des supplices, dont ils ne sortent jamais.
Pour les paysans, l'Enfer, serait situé dans l'intérieur
du globe, presque toujours à une grande distance de sa surface;
au 18e siècle, les Bretons disaient qu'il était au centre de la
Terre, à 1250 lieues du sol, et c'est l'éloignement que
certains lui attribuent encore dans la même région.
Le pays infernal communique aussi avec celui des vivants par des excavations
réputées insondables, d'où sortent des bruits
extraordinaires et parfois aussi d'étranges fumées.
Il y en a une dans le Doubs, qui se nomme le Puits de Pougery, et l'on
raconte qu'une jeune fille, chassée de la maison paternelle parce qu'elle
s'était laissée séduire, y rencontra le diable qui la persuada,
pour échapper au déshonneur, de se précipiter avec lui
dans le puits.
Elle y consentit;
dès qu'elle eut quitté la terre, elle fut touchée de repentir,
aussi elle n'alla point jusqu'aux enfers, mais fut condamnée à
faire pendant mille ans son purgatoire dans le puits;
lorsqu'un passant jette une pierre dans cet abîme, elle la reçoit
sur la tête, et le bruit que l'on entend est la voix plaintive
de la pénitente.
On montre dans un coin de champ, à Landebia (C.-d'A.), un trou circulaire
tellement profond que, si l'on y lance un caillou, on n'entend jamais
le fracas de sa chute;
comme il en sort quelquefois des vapeurs, les paysans croient que c'est
une entrée ou un soupirail de l'enfer.
Un assez grand nombre de légendes racontent que la terre se fend sous les pas de personnages coupables ou sacrilèges qui, vraisemblablement sont destinés aux feux éternels.
Un seigneur de Ramerupt, dans l'Aube, qui, n'ayant pu triompher de la vertu
de sainte Tanche lui trancha la tête, fut englouti sur le
lieu même de son crime;
des danseurs de Haute-Bretagne qui n'avaient pas interrompu leur divertissement,
lorsque le Saint-Sacrement passait, disparaissent aussi sous le sol.
D'autres fois, il s'écarte pour laisser pénétrer dans l'enfer des maudits, vivants ou morts;
en Haute-Bretagne la terre s'ouvre sous une revenante damnée qui avait invité son fiancé à un repas nocturne.
Suivant un récit breton, une femme qui, à son lit de mort, a
vainement supplié sa sur de lui pardonner, lui apparaît
au milieu des flammes, la poursuit, et quand elle l'a atteinte,
toutes deux s'enfoncent sous la terre.
Dans une variante, une fille mal soignée par sa sur l'a maudite,
et après sa mort, elle vient la chercher;
elle s'abîme avec elle, tandis que toutes deux crient qu'elles tombent
au fond du puits de l'enfer.
Après que la marquise de Trévaré, qui revenait tourmenter les gens, a été conjurée par un exorciste, le sol se fend pour la dévorer.
D'après une tradition de Lorraine, la terre s'ouvre sous les pas d'une jeune fille qui rapportait un drap volé au cimetière.
Quelques récits recueillis sur des points de la France fort éloignés
présentent une conception assez rare;
les personnages, au lieu de tomber dans l'enfer ou dans le purgatoire, restent
entre ces lieux de supplice et la croûte terrestre.
Dans les Landes, on entend crier sous terre l'avare Vidau de Bourns
qui y fut englouti, et les aboiements de ses chiens se mêlent à
ses gémissements;
c'est là qu'il fera pénitence, jusqu'à la fin du
monde, pour avoir été trop dur à l'égard des pauvres.
La Croix
des Magnans, aux environs de Pont-Audemer, rappelle le souvenir de chaudronniers
ambulants, disparus en cet endroit, après avoir commis un acte d'impiété;
naguère encore on croyait entendre sous terre le bruit sourd et mesuré
du marteau sur leurs chaudrons qu'ils ne doivent point cesser de battre
jusqu'à la fin des siècles.
On raconte en Berry une légende apparentée :
des scieurs de long, punis de la même manière pour avoir
scié la Croix Moquée, continuent par pénitence leur
labeur sous terre, et dans les nuits calmes, on entend le va-et-vient de leur
scie.
(Voir page 18
n° 349, chanson et image sur les scieurs de long)
En Basse-Bretagne, toute la procession de sainte Mona s'enfonça
sous le sol, il y a plus de cent ans, pour un méfait qui paraît
oublié;
mais elle n'est pas destinée à y rester à perpétuité;
si l'on pouvait accomplir certaines cérémonies, elle reparaîtrait
au jour, recteur et bannières en tête;
Il semble qu'elle y reste, comme les habitants de la cité d'Is, dans
un état qui n'est pas à proprement parler, ni la mort ni
la vie.
Une tradition des Côtes-d'Armor se rattache au même ordre d'idées.
Souvent des vapeurs blanches qui prennent des formes fantastiques
se dégagent de prairies voisines d'une ancienne maison de Corseul
qui s'appelle l'Abbaye;
il y avait là une ville superbe qui a disparu sous le sol;
elle n'est pas morte, mais seulement endormie; elle se réveillera
un jour, et tout le pays sera comme au temps du Paradis terrestre;
(Une importante ville gallo-romaine dont on
retrouve de nombreux vestiges a existé à Corseul).
Quelquefois ce sont des animaux ou des objets que la terre reçoit dans son sein.
Dans une légende corse, les bufs et la charrue d'un homme qui labourait le jour de Noël disparaissent sous le sol au dernier tintement de la cloche de midi.
Jeanne la sorcière, qui figure dans un gwerz breton, dit que pour détruire l'épouvantable maléfice qu'elle a préparé, il faut le porter au milieu d'un champ, et que la terre s'ouvrira pour l'ensevelir.
Des êtres légendaires, qui n'ont rien de commun avec le diable, occupent aussi une région souterraine éloignée de l'écorce terrestre.
On disait, en Basse-Bretagne, que le royaume des Kourils s'étendait sous terre, plus bas que la mer et les rivières, et que l'intérieur du globe renfermait un peuple de cornandons.
Suivant une croyance relevée au 19e siècle dans le même
pays, notre planète est percée de galeries auxquelles travaillent
des animaux fantastiques :
on croit, dans quelques cantons, que l'intérieur de la terre est habité
par des rats énormes;
un homme à cheval entrerait aisément dans leurs trous.
Les ossements gigantesques que l'on rencontre sont ceux de ces rats;
comme ils multiplient continuellement, ils finiront par ronger le centre
de la terre;
un jour la surface s'ouvrira et les hommes seront engloutis.
On raconte, dans le Luxembourg belge, qu'il y a bien longtemps des géants
d'une force extraordinaire demeuraient dans les entrailles du monde, et qu'ils
se livraient des combats fréquents.
Beaucoup y périrent, mais quelques-uns survécurent.
Deux de ces géants habitent l'un le Nord, l'autre le Midi;
ils s'avancent l'un vers l'autre, portant sur leurs épaules une
énorme montagne.
Lorsqu'ils se rencontreront, ils engageront une lutte sans merci et notre
globe périra.
Quelques-uns de ceux qui vivent encore agitent parfois la terre et ils produisent les tremblements de terre.
Les paysans des environs de Lesneven attribuent ce phénomène, assez rare en Bretagne, aux coups de poings que se donnent en se battant les esprits malins et les sorciers qui habitent les souterrains du château de Lesneven.
Les légendes des grottes terrestres et celles des cavernes de la mer
parlent quelquefois de microcosme auxquels elles donnent accès;
mais ils sont pour ainsi dire de plaint-pied avec la terre, et non situés
à une grande distance comme dans les deux exemples qui suivent,
et qui ne sont pas localisés.
Le héros d'un conte mentonnais passe, pour arriver dans le jardin d'un palais enchanté, par des grottes obscures dont la traversée dure trois ans.
Une biche descend, avec le roi de France et son valet, par l'ouverture
d'un petit monticule qui se trouvait dans une prairie, et, après avoir
marché longtemps, ils parviennent à un pays où
rien ne leur paraissait comme dans le monde qu'ils venaient de quitter :
les plantes et les animaux étaient différents, le soleil
était plus brillant, l'air plus pur et plus parfumé.
Le sol est aussi parsemé d'excavations à ciel ouvert dont
quelques-unes passent pour très profondes, bien qu'elles ne pénètrent
pas jusque dans le monde infernal.
Elles affectent assez souvent la forme de puits énormes, ou de
fissures quelquefois présumées insondables, et les
gens du voisinage, qui en font la résidence d'êtres surnaturels,
ne s'aventurent pas volontiers auprès aux heures crépusculaires,
parfois même en plein jour, de peur de voir apparaître les
génies qui y demeurent ou qui en surveillent les approches.
Des dépressions qui, comme les mardelles, s'enfoncent à peine de quelques pieds, sont l'objet de croyances analogues.
Elles présentent une certaine parenté avec celles qui s'attachent à des grottes renfermant des espèces de salles souterraines dans lesquelles on arrive par une entrée plus ou moins visible, pratiquée dans un bloc rocheux.
Plusieurs légendes racontent que des personnages surnaturels, dont les gestes sont parfois rapportés avec détails, résident dans quelques-uns de ces enfoncements à ciel ouvert.
On remarque un grand nombre d'excavations au sein du vaste cirque de prairies
qui domine le village de Verbier, dans la vallée de Bagnes (Valais).
Les plus petites et les plus nombreuses sont d'une profondeur que nul ne paraît
avoir été tenté de mesurer.
Après un petit entonnoir de verdure, le centre s'enfonce comme un tube
découpé dans le plâtre.
Ces creux étaient habités par des fées.
Un paysan resté veuf avec cinq enfants
en bas âge, que ses travaux du dehors l'obligeaient de laisser à
la maison, fut bien étonné en rentrant un soir de trouver
tout en parfait état chez lui : |
Dans le pays basque, on désigne sous le noms de citernes des
enfoncements qui s'ouvrent dans le sol, et dont l'orifice est sensiblement circulaire.
On en voit plusieurs sur les flancs de la montagne, et parfois, après
avoir formé une longue galerie, elles se terminent par un trou
éloigné de l'entrée principale.
Il semble aussi que les parois présentent une pente assez douce
pour permettre de remonter, sans grand effort, jusqu'à l'ouverture.
Ces demeures souterraines étaient habitées
par des personnages masculins appelés Basa-Jaun,
ou seigneurs sauvages, que les gens des environs redoutaient grandement
autrefois. |
Quelques enfoncements, de natures diverses, mais dont l'abord est difficile ou qui présentent des circonstances peu ordinaires, sont l'objet d'une crainte traditionnelle, qui parfois est entretenue par les récits des vieilles gens.
En Franche-Comté, on essaie d'éloigner les enfants des excavations qui forment précipice en leur disant qu'elles sont hantées.
Dans la commune de Latette, on a vu souvent le dimanche, au moment de l'élévation,
un grand seigneur à cheval descendre de l'air sur un nuage et
chevaucher sur l'abîme avant de s'y jeter :
on a remarqué qu'il a un pied de bouc.
Parfois une belle dame blanche vient folâtrer sur ces bords dangereux
et finit par y sauter;
si on va visiter le fond de la crevasse, on n'y aperçoit aucune trace
de la chute.
Près d'Amancey, une sorte de gouffre béant et profond, d'où
jaillit l'eau au moment des grandes pluies, est à peu près
sec, sauf en cette saison.
Alors il se remplit de lutins invisibles;
ils produisent un bruit qui, ressemblant de loin au son d'une caisse,
a fait donner à ce lieu le nom de Tambourin;
il se manifeste surtout la veille des grandes fêtes, et il est
produit par des lutins qui sont furieux de savoir qu'on va les célébrer.
Les paysans du Berry considèrent avec une sorte de terreur superstitieuse plusieurs de mardelles que l'on voit dans cette région.
Voici comment les décrit un archéologue qui les a spécialement étudiées.
Vers les environs de Chateauroux et d'Issoudun, on rencontre un très
grand nombre d'excavations en forme de cône renversés,
trop régulièrement arrondies pour ne pas être l'ouvrage
des hommes, et que la tradition populaire signale comme antiques.
Elles ont cela de remarquables, que les eaux pluviales n'y séjournent
pas, malgré la nature grasse du sol, et ce fait, en attestant
que la couche d'argile a été percée, prouve encore qu'elles
ont été creusées à dessein.
Une autre singularité les distingue, c'est de ne laisser apercevoir dans
leur voisinage aucun vestige des déblais extraits de cavités.
On désigne ces espèces de puits sous le nom de Mardelles, Margelles
ou simplement Marges.
Quelques-unes sont fort redoutées, et l'on évite, la nuit,
de passer auprès.
Plusieurs, surtout celles connues sous le noms de Trou aux Fades, Fosse
au Loup, Crot du diable, servent alors de rendez-vous aux fées,
aux sorciers et aux loups-garous.
Des êtres plus gracieux sont associés aux mardelles :
à Allouis (Cher), une fée revenait au clair de lune au Trou
à la fileuse, que l'on appelait aussi le Crot à la Brayeuse;
on en entendait sortir un bruit cadencé semblable à celui
que, dans le calme des nuits, produit la braye manuvrée par les
femmes qui broient le chanvre dans la cour des fermes.
On fait une sorte de pèlerinage annuel à la Mardelle sainte,
où est, dit-on, sainte Fauste;
lorsque ses reliques, conservées dans l'église paroissiale, en
eurent été enlevées, les ravisseurs, frappés de
douleurs atroces, laissèrent tomber le corps de la sainte qui,
se relevant, alla d'elle-même s'ensevelir au fond de la Mardelle.
Comme beaucoup d'autres lieux de nature mystérieuse, certaines excavations
renferment des trésors :
les fées ont déposé leurs richesses dans plusieurs puits
très profonds d'une plaine des environs de Dieppe;
elles y apparaissent souvent, et dansent auprès pour charmer leur
veille.
Un veau d'or a été caché dans une sorte de mardelle, en partie comblée, appelée Puits à la Dame, en Saint-Moré près de Vézelay.
On sait que, suivant de nombreuses légendes, les cloches qui
gisent au fond des eaux se font entendre à certaines époques
de l'année;
il est plus rare que ces carillons sortent de dessous le sol lui-même
:
cependant en Vendée les cloches d'une église engloutie
sous la terre, dans des circonstances aujourd'hui oubliées, se mettent
à sonner à minuit, le jour de Noël.
Les récits, dont l'action se passe dans le pays indéterminé de la féerie, parlent d'excavations au moyen desquelles les héros pénètrent dans un monde souterrain, situé à une distance variable, mais généralement assez éloignée, de la surface du sol.
On rencontre cette donnée dans un conte littéraire de la fin
du 17e siècle :
la fée Grognon, pour se débarrasser d'une jolie fille qui
lui déplaît, fait creuser dans le jardin un trou aussi profond
qu'un puits, sur lequel on pose une grosse pierre;
lorsqu'elle a amené Gracieuse à se promener auprès en compagnie
d'autres personnes, elle fait remarquer la pierre, et invite tous les assistants
à la soulever;
Gracieuse s'y prête comme les autres, et dès que le bloc a été
déplacé, la méchante fée la pousse rudement
et la fait tomber dans l'ouverture béante;
mais une petite porte s'ouvre, et la jeune fille pénètre
dans un beau jardin, où se trouve le château des fées.
(Mme d'Aulnoy)
Suivant des contes dont plusieurs versions ont été recueillies,
des aventuriers qui, d'ordinaire, sont venus demeurer dans un château
abandonné, partent pour la chasse, en laissant l'un d'eux pour
surveiller la cuisine;
mais celui-ci est maltraité par un nain d'une force prodigieuse.
Le plus brave et le plus rusé des compagnons vient à bout du méchant
petit personnage qui, lorsqu'il a été vaincu, disparaît
sous terre à l'endroit où se trouve une grosse pierre;
quand elle a été soulevée on aperçoit un trou béant,
dans lequel les aventuriers essaient de descendre au moyen d'un câble;
sa profondeur est parfois si grande que, pour en atteindre le fond, on déroule
une corde pendant sept jours et sept nuits.
Celui qui a le courage de persévérer, alors que les autres,
effrayés, se font remonter, prend enfin pied dans une sorte de grande
caverne, où dans un véritable microcosme assez semblable à
celui auquel les grottes maritimes ou terrestres donnent accès, et il
y voit des campagnes et des châteaux, où des princesses
sont retenues prisonnières et gardées par des géants,
des monstres ou des bêtes féroces.
Dans un conte breton, le roi trompé par un imposteur ordonne à
son filleul de descendre dans un puits dont personne n'a jamais pu atteindre
le fond.
On le met dans un panier, et après une descente qui a duré douze
heures, il se trouve dans un beau jardin, rempli de belles fleurs, où
se promène un vieillard qui lui donne des conseils utiles.
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