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Si les héros de la légende étaient les mêmes que
ceux de l'Histoire, Louis XI y tiendrait
une grande place.
En réalité, il est l'un des plus oubliés, sauf aux
environs de son château du Plessis-les-Tours.
Les paysans, qui parlent assez souvent de lui, disent qu'il obligeait
les bouchers à nourrir gratuitement sa meute et qu'il réquisitionnait
les chevaux et les charrettes pour ses corvées.
Afin de rendre quelque ardeur à sa vieillesse, il se faisait amener
les plus jolies filles du pays, et il prenait des bains dans le sang
des victimes égorgées par ses bourreaux.
Si le château du Plessis-les-Tours a été si longtemps inhabité,
c'est que parfois Louis XI y revenait, poursuivi par ceux qu'il avait
fait injustement mettre à mort.
On montre dans ce château l'entrée d'un souterrain qui allait
dans la ville de Tours jusqu'à la maison dite de Tristan et, passant
par-dessous la Loire, aboutissait à un château de la commune
de Saint-Cyr.
C'est par ce souterrain que ceux que le roi avait condamnés étaient
menés au supplice.
Tristan les pendait à des clous et à des crochets, que
l'on montre encore sur le pignon du logis, qui lui est attribué;
il se prolongeait jusqu'à la Loire, et servait à ceux qui allaient
y précipiter les cadavres.
Dans le parc du Plessis, un débris de cave voûtée serait
l'endroit où le cardinal La Balue fut enfermé dans une
cage de fer, et l'on montre dans le mur la place où étaient
scellés les barreaux.
Beaucoup de fontaines de cette région reçurent, à
ce qu'on dit, la visite de ce roi, qui fut en effet un grand pèlerin.
D'après une tradition que Béranger qui habita la Touraine
a rapportée en note en tête de sa chanson de Louis XI, ce
roi voulait voir quelquefois les paysans former des rondes devant les
fenêtres de son château.
Parmi les princes, ses contemporains, dont il contribua à abattre la puissance, il en est deux qui ont laissé de plus curieuses traces dans le folklore.
Le roi René, qui supporta avec philosophie ses disgrâces
politiques, est encore populaire en Provence sous le nom de lou bon
rei.
En Anjou dont il fut comte, il n'est pas non plus oublié.
Au 18ème siècle, sur les bords de la Maine, on l'appelait encore
le Roi des Gardons à cause de son affection pour les pêcheurs,
pour lesquels il avait institué une fête spéciale.
Une de se retraites favorites était située sous le roc
de Chanzé, où il s'était plu à reproduire
une imitation de la grotte de la Sainte Baume de Provence.
Charles le Téméraire, d'autres disent un prince lorrain,
serré de près par ses ennemis, aurait fait franchir la
vallée à son coursier;
l'empreinte du sabot de son cheval que l'on montre non loin de Saverne atteste
cet exploit.
D'après une légende, le fantôme d'un de ses soldats
tués à Morat lui apparut lorsqu'il rassemblait à la Rivière
les débris de son armée, et lui dit de renoncer à la guerre.
Le duc voulut le frapper, mais son épée ne trouva que le vide,
et l'apparition lui cria que son ombre irait l'attendre sous les murs
de Nancy.
Ses sujets se refusaient à admettre qu'il eût été
tué dans cette bataille.
Parmi les chroniqueurs, les uns écrivirent qu'il avait été
emporté par le diable, d'autres qu'il s'était fait ermite
et réfugié dans une solitude.
Anne de Bretagne est l'un des personnages
historiques qui tiennent une place considérable dans la légende.
Son double titre de duchesse de Bretagne, et de reine de France, épouse
de deux rois, sa mort arrivée lorsqu'elle était encore jeune
et belle, ont sans doute contribué à lui assurer une renommée
durable.
Le nom lui-même qu'elle portait n'y a peut-être pas été
étranger;
elle avait pour patronne sainte Anne qui, avant elle, et surtout depuis, a été
dans cette province l'objet d'une dévotion quasi nationale.
De même que d'autres femmes légendaires, la reine Anne est une
grande bâtisseuse :
à Dinan, on lui fait honneur de la construction du beau donjon
du château, qui lui est antérieur de plus d'un siècle,
et l'on y montre toujours son fauteuil de pierre.
Aux environs de la Roche-Suhard, elle passe pour avoir bâti et possédé
le château de ce nom, dont on ne voit plus que les ruines; du reste, on
lui rapporte l'origine de presque tous les châteaux gothiques de
la Bretagne.
On retrouve son souvenir, défiguré dans celui de la rue
aux Anes, au-delà du pont de Léhon, près de Dinan, qui,
suivant les gens du pays fut ouverte par elle.
Sa voiture ayant eut peine à monter la côte, les habitants
dételèrent les mules et la traînèrent;
arrivée au sommet, Anne voulut anoblir tous ceux qui lui avaient
donner une telle preuve d'affection et elle se plut à donner son nom
à cette route.
Suivant la tradition, elle aurait un jour de fête figuré dans
une danse bretonne appelée dérobée;
elle y fut souvent « dérobée », et toujours elle sut
se soumettre de bonne grâce à cet usage.
Des récits recueillis dans des lieux assez éloignés, disent
que contrairement à l'histoire, elle assista en personne à
des batailles.
Après la défaite de son armée à Saint-Aubin-du-Cormier,
elle tenta de se sauver par le souterrain du château de Saint-Aubin,
d'autres disent par celui du Bordage :
elle fit ferrer son cheval à rebours, de sorte que ceux qui la
poursuivaient firent d'abord fausse route;
mais elle fut vendue par son valet, qui paya cher sa trahison, puisqu'on
le tua quelques temps après.
A Chevré, non loin de là, ont dit qu'elle employa ce stratagème
pour échapper aux Anglais, mais trahie par son palefrenier, elle
fit tuer éventrer et vider un cheval dans le corps duquel elle
se cacha.
Il fut ensuite placé sur un haquet, et c'est ainsi qu'elle passa au milieu
de ses ennemis qui ne se doutèrent pas que cette carcasse dérobait
à leurs yeux la jolie duchesse.
On raconte en pays bretonnant qu'avant le départ de son mari
pour les états de Bretagne, elle lui avait recommandé de ne pas
charger ses sujets de nouveaux impôts;
à son retour, il lui avoua qu'il avait consenti à l'établissement
de la gabelle, et juré de la maintenir tant qu'il vivrait;
la duchesse s'écria que ce ne serait pas, en ce cas pour longtemps;
elle lui plongea un couteau affilé dans le cur; puis fit
annoncer partout que la gabelle était morte et qu'on allait l'enterrer
avec son mari.
François Ier est le héros
d'aventures de chasse; l'une d'elles a été recueilli par
un de ses contemporains.
Un jour qu'avec sa suite il était égaré, il fut bien accueilli
par un prieur qui ne le connaissait pas, et lui fit boire du vin de
« Denise sa chambrière ».
Le roi voulut voir celle-ci, qui était une très belle
jeune fille, et il invita le prieur à venir au palais des Tournelles,
en se donnant un nom supposé, et il lui dit qu'il lui ferait boire du
vin de sa mie, et la lui montrerait comme il lui avait fait voir la sienne.
Lorsque le prieur s'est rendu à l'invitation, le roi, sans se faire connaître,
lui fait boire du vin de sa « mie Claude », puis il revient accompagné
de la reine « en grand pontificat », et la prenant par la
main; il dit :
« Monsieur le prieur, vous m'avez montré votre mie et je vous fais
voir la mienne »
On raconte dans le Valois que ce roi, chassant avec des seigneurs de sa cour
dans la forêt de Villers-Cotterets, rencontra un paysan qui, lui montrant
un sac de pistoles, lui demanda s'il avait bien son compte, parce qu'il
ne comprenait rien au grimoire latin qu'on lui avait donné à
la recette de Longpont.
Le roi s'y prêta de bonne grâce, et de retour au château,
il rendit une ordonnance pour faire écrire en français
les documents administratifs.
« Une autre fois s'étant s'estant laissé emporter à
l'ardeur de la chasse, il fut surpris de la nuit et obligé estant seul,
d'entrer dans la loge d'un charbonnier qui, ne le connaissant point, le pria
à souper.
Lorsqu'il fut question de se mettre à table, il prit la première
place et il ne donna que la seconde au roy, en luy disant :
Chacun est maître chez soy.
Ensuite il lui dit de prendre luy-mesme à manger par où il voudroit.
Mais il ne faut pas, ajouta-t-il, dire au Grand Nez que je vous ai fait
manger de la venaison.
Le roy mangea fort bien, et le matin estant venu il sonna du cor pour
faire entendre où il estoit.
A l'arrivée de ses courtisans, le charbonnier creust estre perdu;
mais le roy le rassura en luy frappant sur l'espaule, et entre autres récompenses
octroya à sa considération que le trafic du charbon seroit exempt
de tous impôts. »
Quelques vignerons des environs de La Châtre poussent encore le cri de
:
« Vive le roi au grand nez ! » au moment où ils font
la huée de proche en proche pour s'avertir que la journée est
finie.
Ces cris sont inspirés par la gratitude, car François Ier, en
rendant obligatoire vers 1539 la Coutume du Berry, réduisit considérablement
la durée de leur travail.
Une anecdote favorable à la dignité de ce roi se rattachait
à sa captivité.
Les Espagnols auraient fait baisser la porte de sa prison pour s'attribuer l'inclinaison
qu'il aurait du faire en entrant, François Ier sortait à reculons
et leur présentait le derrière.
D'après la légende du sire de Créquy celui-ci, qui ressemblait
au roi, se serait substitué à lui comme prisonnier.
François Ier est le seul Valois que connaisse la tradition.
C'est la première année du règne de son fils Henri II
qu'eut lieu le duel entre La Châtaigneraie et Jarnac, qui a donné
naissance au dicton « Coup de Jarnac », qui sert à
désigner une ruse, une manuvre habile et imprévue.
Le souvenir de Catherine de Médicis
a disparu, mais d'après une anecdote ancienne, c'est à elle que
le Petit homme rouge des Tuileries se serait montré pour la première
fois;
elle déclara qu'un petit monstre rouge s'était installé
dans le palais, apparaissant et disparaissant au gré de son caprice,
que non seulement elle l'avait vu, mais qu'il lui avait prédit qu'elle
mourrait près de Saint-Germain.
La nuit qui précéda le tournoi où Henri II fut tué,
elle rêva qu'elle voyait son mari privé d'un il.
Les persécutions que la religion réformée
eut à subir à ses débuts sont à peu près
oubliées de la tradition;
cependant, on a recueilli dans l'Ouest plusieurs chansons sur ce thème.
Une jeune protestante refuse, malgré les sollicitations et les
menaces de sa mère, qui vraisemblablement est une catholique,
veuve d'un protestant, de prendre part à une cérémonie
contraire à ses croyances :
J'aim'rais mieux être brûlée
Et voûtée (ventée) au grand vent,
Que d'aller à la messe
En faussant mon serment.
C'est en vain que les dames de la ville viennent l'admonester et lui
apporter des livres catholiques;
elle les refuse, et demanda une Bible;
quand elle l'a obtenue, elle va prier « sur la fosse de son père
»
Dans une des versions poitevines, c'est sa mère qui la conduit
au supplice.
Il en est de même dans celle de la Haute-Bretagne, où elle dit
:
Bourreau, voilà ma fille,
Fais à tes volontés.
Bourreau, fais de ma fille
Comme d'un meurtrier.
En attendant le supplice, la martyre lit un chapître du Testament nouveau, et quand l'exécuteur a les pieds sur ses épaules, elle s'écrie à voix haute :
Je vois jésus, mon père,
Qui de son beau royaume
Descend pour me quérir;
Son royaume sur terre
Dans peu de temps viendra
Et cependant mon âme
Au Paradis ira.
Le nom de huguenot s'attache, avec une sorte d'idée de paganisme,
à quelques mégalithes.
A Boury (Oise), on dit qu'ils se rassemblaient pour l'exercice de leur culte
près du dolmen de la Belle-Haie.
Dans les Vosges, un bloc erratique, près duquel se réunissait
peut-être les protestants, se nomme le Prêche des huguenots;
à Aurillac, l'homme dans la lune s'appelle Jean le Huguenot.
De la fin du 16ème siècle qui fut l'une des périodes les
plus malheureuses que la France ait connues, il subsiste encore d'assez
nombreux souvenirs, parfois un peu confus.
On ne peut s'étonner que plusieurs aient disparu, surtout si l'on
songe que des faits de guerre civile analogues se reproduisirent
pendant la Révolution, et que vraisemblablement, suivant un processus
régulier en folklore, on les a attribués à des personnages
plus modernes.
En ce qui concerne la Ligue, elle a surtout laissé des traces
en Bretagne.
Suivant les pays, le mauvais rôle y est attribué soit aux huguenots,
soit aux ligueurs.
Sur le versant de la Manche tout au moins, ceux-ci sont les plus maltraités,
et presque toutes les légendes les représentent comme sanguinaires
et pillards.
Des gentilshommes qu'on appelaient les Ligueurs ou les Fondebons, qui habitaient
un château voisin de Matignon (Côtes-d'Armor), commirent beaucoup
de cruautés;
ils éventrèrent, pour se divertir, une femme de Saint-Cast,
et l'on appelle encore Allée des soupirs un coin de vallée où
ils égorgeaient leurs victimes.
Le seigneur de l'Isle Aval en Saint-Pôtan, dans la même région,
dont Henri IV fit raser le château,
est accusé de nombreux méfaits.
La renommée de ces partisans est purement locale et n'est pas
à comparer à celle du cruel La Fontenelle, qui est encore
très connu en Basse-Bretagne.
A Beaumanoir, des enfants racontèrent à Souvestre que
La Fontenelle éventraient les jeunes filles pour se chauffer les
pieds dans leur sang.
Le nom de ce ligueur est dans la bouche des gens de Cornouaille une sanglante
injure.
Les protestants étaient, comme on sait, iconoclastes.
A Carentoir, ils voulurent brûler la statue de Notre-Dame placée
dans un chêne où l'on venait la vénérer;
par trois fois, ils la jetèrent dans un four chauffé à
blanc, sans pouvoir la détruire.
Un livret populaire raconte les insultes faites à la statue, et
la punition qui atteignit le sacrilège :
« Trois soldats de l'infanterie, logés au
village de Soulcy (près de Chatillon-sur-Seine) oysifs, estans près
l'église du dict lieu au devant de laquelle y avoit une grande image
de saint Antoine eslevée en pierre, après plusieurs propos
par eux tenuz de la dicte image par dérision, l'armèrent d'un
morion et d'une hallebarde, lui disans ces mots :
" Si tu as de la puissance, monstre la presentement contre nous
et te defends. "
Et ce disant ruerent plusieurs coups des armes qu'ils avoient sur la dicte image;
de quoy non contents, l'un d'eux tira contre icelle image deux ou trois harquebuzades,
de l'une desquelles fut frappée icelle image en la face, et au mesme
instant ledit soldat, s'écriant à haute voix dist ces mots :
"Je brusle ! "
et tomba mort en la terre, en face duquel et au mesme endroit que la dite harquebuzade
avoit atteint la dicte image apparut le feu qui le brusloit au dedans de la
bouche, qui encore continuoit après sa mort. »
(Histoire miraculeuse des trois soldats - Troyes - 1576)
Un écrivain du 16ème siècle nous a conservé un
curieux trait qui peint la terreur qu'un général allemand
inspirait aux paysans qui, de son vivant, en avaient fait un être
fantastique.
« Durant que la barbare et cruelle armée
des Reistres ravageoit la Bourgogne és année 1575 et 1576,
les pauvres villageois fuyoient de toutes parts et disoient qu'il y avoit
vu Comte Machefer, au lieu de Mansfeld :
tellement qu'ils pensoient que ce fust un grand Diable de Geant qui mangeoit
les charretttes ferrées.
Sur laquelle creance un certain assuroit et se persuadoit qu'il luy avoit veu
manger à un déjeuner un rouët d'arquebouze, avec quatre fers
de chevaux fricassez au beurre noir ».
La mort tragique de Henri IV avait été
précédée de circonstances surnaturelles que connaissaient
ses contemporains, mais qui ne sont pas restées dans la tradition.
On crut plus tard qu'elle avait été présagée par
la chute du mai planté devant le Louvre.
D'après Pasquier, le diable apparut à Ravaillac et lui
dit de frapper hardiment.
Le petit homme rouge se montra pendant la nuit du 14 mai 1610, lors de
l'assassinat de Henri IV.
Le peuple se souvient encore de quelques-uns des compagnons de Henri
IV.
Une chanson en patois de la vallée d'Ossau parle de la bataille de Coutras
et de la mort de Joyeuse.
La disgrâce du maréchal de Biron, survenue après
une longue période de faveur, a inspiré plusieurs chansons;
quelques-unes font allusion à sa passion pour le jeu, et à
l'accusation de conspirer qui amena son jugement et son supplice.
Les paysans du Quercy croient voir parfois pendant la nuit son ombre
se dresser sur le donjon de Cabrerets.
Marguerite de Valois, la première
femme de Henri IV, qui passa plusieurs années en Auvergne, à
partir de 1585, soit au château de Carlat, soit à celui d'Usson,
y est devenue un personnage légendaire.
Près de Chambon, une voie romaine est appelée Chemin de
la reine Marguerite.
Elle était débauchée, et même on l'accuse
d'avoir aimé manger les petits enfants.
En Franche-Comté, où les suédois commirent beaucoup
d'excès, Chvede est synonyme de brigand.
A Sancey (Doubs), un Vilèn Suède est un mauvais garnement.
Au milieu du siècle dernier, on disait : « Méchant comme
un Suède. »
Louis XIV n'a pas laissé de trace personnelle dans le folklore.
Au milieu du 18ème siècle, les Anglais, profitant de l'affaiblissement
de notre marine, firent plusieurs descentes sur les côtes de Bretagne;
quelques épisodes ont pris une forme traditionnelle.
D'après la légende, si, en 1746, ils abandonnèrent précipitamment
le siège de Lorient, c'est que la Vierge s'était montrée
à eux au milieu d'un nimbe de lumière éclatante et que
cette vision les avait frappés.
Un autre miracle non daté se rattache à la fondation de
N.-D. du Port-Blanc :
les Anglais menaçant de débarquer sur cette côte, la population
fit vu d'élever une chapelle à la Vierge si elle
chassait les envahisseurs;
aussitôt toutes les fougères se dressèrent sur la
côte comme des soldats prêts à recevoir l'ennemi.
Celui-ci, épouvanté à son tour, vira de bord et disparut.
La bataille de Saint-Cast, où les Anglais furent défaits
en 1758, est restée dans les souvenirs des gens du voisinage,
et divers récits parlent de circonstances légendaires qui accompagnèrent
l'invasion.
En 1883, on racontait que la statue de la Vierge du Temple en Pléboulle
suait tellement que deux hommes étaient constamment occupés
à l'essuyer.
On dut à son intercession de voir les Anglais rétrograder;
ils ne purent dépasser cet endroit, bien qu'on ne leur opposât
pas de troupes.
Cinquante ans plus tard, on disait qu'elle avait arrêté l'ennemi
en faisant déborder le minuscule ruisseau qui coule auprès
de cette chapelle.
Pendant leur retraite, les ennemis occupèrent la petite ville de Matignon,
où, un siècle plus après, les vieillards racontaient leurs
pillages :
les soldats rouges défonçaient les tonneaux et mettaient
le cidre à courir par les rues quand ils n'avaient plus envie de boire,
et avec leurs sabres, ils s'amusaient à éventrer les couettes
pour en faire voler la plume, ils chauffaient les pieds des campagnards
pour les forcer à révéler l'endroit où ils
avaient caché leur argent.
(D'après Rioust des Villaudren, qui fut témoin
oculaire de l'invasion, les ennemis avaient emporté tout le linge, défoncé
les couettes pour en avoir le coutil.)
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