Je sais bien quelque chose

C'est en m'y promenant, le long de ces prairies,
Dans mon chemin rencontr' Marguerite m'amie.
Je sais bien quelque chose
Que je ne veux pas dire,
Ah !
Que je ne dirai pas.

Qu'avez-vous à soupirer, Marguerite m'amie ?
Ne sais-tu pas galant, Que mon pèr' m'y marie ?

Ne sais-tu pas galant, Que mon pèr' m'y marie ?
A un vieillard bonhomm' qui a la barbe grise ?

Je voudrais que ces vieux soient dedans un navire.

A cinq cents lieues au larg', sans pain et sans farine,

Pour leur montrer par là pucelles à poursuivre.

Les vieux sont pour les vieill's, les garçons pour les filles.

Autrefois plus qu'aujourd'hui, les parents ambitieux forçaient trop souvent leurs filles à épouser richesse plutôt qu'amour;
et la richesse, hélas ! voulait dire vieillesse, peut-être même avarice.

Avec de telles dispositions, une jeune mariée qui prend son galant pour confident est déjà loin sur le sentier de la consolation secrète.
Ce secret (de l'infidélité, sans doute), elle le partage avec beaucoup d'autres maumariées du temps jadis."
(M. Barbeau)