Origine : Bretagne
Année de l'arrangement : 2006


 

An ti-meur e kichen ar mor

(Le château au bord de la mer)


breton français
— Gwelet e teus ar c'hastel bras
A zav duhont, 'tal ar mor glas ?
Kommoul an nenv a vez laouen
Dre ma nijont a-us d'e benn.
— As-tu vu le grand château qui s'élève là-bas, près de la mer bleuâtre ?
Les nuages du ciel sont joyeux, quand ils volent au-dessus de sa tête.
etc. Il se penche pour regarder dans l'eau son image, comme en un miroir
quand le soleil se couche dans l'or blond, bien haut dans la nuée il dresse la tête.
 

— J'ai vu le grand château qui s'élève là-bas, près de la mer bleuâtre;
le regard de la lune était triste sur lui; à l'entour, une vapeur épaisse.

— Entendait-on le murmure de l'eau et le souffle du zéphir caressant ?
Entendait-on le bruit des musiques, dans la grande salle, et des cris de joies ?

— La mer et le vent faisaient silence; en passant je n'entendis rien que gémissements et soupirs, tant que l'eau me venait aux yeux.

— As-tu vu, quand tu passais, le roi et la reine couronnés d'or, et de tous côtés de l'argent sur leurs manteaux rouges ?

Et avec eux, alerte et gaie, une jeune fille, une belle vierge aussi jolie que le blond soleil, avec ses longs cheveux autour de sa tête ?

— Je les ai vus, quand je passais, sans manteau rouge ni couronne, et vêtus d'habits de deuil; la jeune fille je ne l'ai pas vue.


Source : Emile Ernault - Gwerziou Barz ar Gouet, page 35 et n° 4