A la fin du Moyen-age en 1490, le jeune roi Charles VIII impressionné par la silhouette de cette tour rocheuse lors d'un voyage de Lyon à Notre Dame d'Embrum, pour accomplir un pèlerinage sur les traces de son ère, le roi Louis XI le pieux, charge Antoine de Ville, seigneur de Dompjulien, spécialiste de l'assaut des places-fortes, de se risquer à l'ascension de la divine montagne.
Cette expédition, authentifiée par un acte notarié, a été réalisée à la fin du mois de juin 1492.
Yves Lévy, huissier de son état effectue le constat
depuis le bas " Ne voulant pas s'exposer d'y monter par le danger qu'il
y avait d'y périr et par l'impossibilité d'y arriver de peur
qu'il ne parût tenter le seigneur... ".
Antoine de Ville se fait
assister par Sébastien de Carrecte, prédicateur apostolique,
Reynaud, escalleur du roi (échelleur), Cathelin Servet, maître
tailleur de pierres de l'église Sainte Croix de Montélimar,
Pierre Arnaud maître charpentier de Montélimar, Guillaume Sauvage,
laquais, Jean Lobret, habitant de Die, François de Bosco, aumônier.
L'ascension est réalisée par cette équipe
de " spécialistes " au moyen d'échelles, de cordes et
de grappins.
Ils découvrirent " un beau pré qui demanderait
40 hommes pour le faucher, avec des fleurs de couleurs et de parfums divers,
et une belle garenne de chamois ".
Antoine de Ville et ses compagnons séjournèrent
plusieurs jours sur la prairie sommitale, y burent et y mangèrent,
firent dire des messes, baptisèrent le mont " Agulle Fort ",
érigèrent 3 croix et bâtirent une petite maison de pierres
sèches.
L'événement est aujourd'hui considéré
comme l'acte de naissance de l'alpinisme.
Il est cependant difficile
de savoir ce qui a pu motiver une telle entreprise conquérante.
Sans
doute la date de cette ascension correspondant à un autre événement
majeur de la prise de possession de l'espace (la découverte du
« nouveau monde » par Christophe Colomb) témoigne-t-elle
des motivations des souverains de l'époque désireux d'étendre
leurs prérogatives sur des territoires nouveaux, assimilés,
dans l'imaginaire de l'époque, au paradis terrestre.
Rabelais évoque dans son Quart Livre quelques années plus tard l'expédition et la région. Il évoque une contrée " scabreuse ", pierreuse, montueuse, infertile, mal plaisante à l'œil, très difficile aux pieds et un peu moins inaccessible que le mont du Dauphiné, ainsi dit pour ce qu'il est en forme de " potiron ", son ascension, et la surprise des grimpeurs trouvant au sommet un vieux bélier, sans doute apporté là après avoir été enlevé tout agneau par quelque aigle ou duc chat-huant.
En 1957, un avion se pose sur le Mont Aiguille.
Le 27 août 1957, Henri Giraud, virtuose de pilotage en montagne formé
par Hermann Geiger le pilote des glaciers, pose un petit Piper J 3 américain
sur la prairie sommitale. Henri Giraud avait commencé par escalader
le Mont Aiguille par la voie normale.
Quelques jours plus tard 2 hélicoptères déposaient du
matériel et des hommes pour aménager une piste sommaire de 90
mètres de long, 10 de large. Le même jour il effectuera
3 rotations successives avant de récidiver sur la neige en 1959, accumulant
au total 53 atterrissages entre 1957 et 1975 sur le " porte-avion Mont aiguille ".
Source photo et texte : http://montaiguille.free.fr/