Il est dautant plus difficile de dater Épiménide
le Crétois que sa légende lui attribue plus de cinquante années
de «dormition» dans une cave des montagnes consacrées au
Zeus crétois, ce qui lui donnerait plus de cent cinquante et parfois
près de deux cents années de vie :
finalement, et au témoignage de sa propre mémoire, sa légende
fait de lui une réincarnation dÉaque, juge aux Enfers avec
Minos et Rhadamante.
Les indices le rattachent à la légende de la Crète, laquelle,
plus dun millénaire après lapogée de la civilisation
minoenne, conservait en Grèce le prestige de ses antiques traditions.
Épiménide reste pourtant lié à lhistoire dAthènes,
en lâge déjà historique de Solon, qui laurait
appelé à purifier la ville souillée par le meurtre de Cylon
et frappée dune épidémie.
Athènes conservait cet épisode inscrit sur son
sol, sous la forme de petits autels dressés aux endroits où avaient
été sacrifiées en hécatombe purificatrice cinquante
brebis blanches et cinquante noires.
Épiménide fut un «homme divin», devin, purificateur,
expert en rituels anciens, et peut-être adonné de plus aux techniques
chamanistes importées du Nord.
Il a laissé des oracles, des poésies religieuses, dont les lambeaux se retrouveraient parmi les recueils de tradition orphique, un poème épique sur la légende des Argonautes et une théogonie qui contait, entre autres choses, lorigine des Courètes crétois. Comme celle de son voisin Phérécyde, cette théogonie se laissait sans doute «interpréter» de façon savante.
Les traditions recueillies par Diogène Laërce rangent Épiménide parmi les sept Sages.
Source : Encyclopædia Universalis (extraits)