Origine : Flandre
Année de l'arrangement : 2003


 

Reys naer Island

(chant de marins)


In't jaer zeventien hondert,
Gy moet niet zyn verwondert,
Wy gaen al naer Nieupoort,
Om te slaen een akkoord.
Dat men't klaer maekt tot den vaert ;
Als't klaer maken was gedaen,
Wilt verstaen,
't Zal wel gaen,
Moet'n wy naer de foye gaen.
etc.


traduction

Voyage en Islande

1. — En l'an dix-sept cent, n'en soyez pas surpris, nous allons tous à Nieuport pour prendre un engagement. C'est dans le mois de mars qu'on se prépare pour le voyage, quand tous les préparatifs sont faits ; nous faisons foye (bombance), cela va sans dire.

2. — Chacun doit s'y trouver avec sa bien-aimée; ménétrier, pour finir, joue-nous encore cette matelotte. Plus d'un couple se dit adieu cette nuit. Quand la foye est terminée, nous devons, bien entendu, mettre à la voile.

3. — D'abord nous devons faire trois cent soixante milles pour passer le banc de sable que nous évitons joyeusement. Nous allons par le petit détroit (La Manche) ; nous voguons sans crainte jusqu'à ce que Fayerel se présente à notre vue. Nous fuyons rapidement l'île Fulo.

4. — L'Océan, sachez-le bien, n'a pas de fond. Nous continuons notre voyage laissant Féroé à tribord ; et nous poussons notre course droit aux îles Westermans. Nous voguons avec courage et gaîté, jusqu'à ce que nous saluions le mont Héela.

5. — Puis ce sont les îles de mauves ; là le froid se fait sentir; ne le craignez pas. Regardez le mont Jokel se dresser devant nous. Nous poussons ensuite jusqu'à la pointe de Bredefiort; larguez les voiles, et s'il y a chance, commencez à pêcher.

6. — Matelots, prenez courage ! que l'équipage se divise en deux ; rentrez le foc et la voile d'été ; nous avons du succès. Quand apparaît le mois de mai, nous attendons le vent d'ouest ; jusqu'à ce qu'il se fasse sentir, nous pêchons avec bon courage.

7. — La baie ne donne plus de poissons; cela nous chagrine. Nous voguons de là vers la pointe de Direfiort; la pêche est désormais terminée à l'ouest. Nous mettons de nouveau à la voile et, d'un commun accord, nous arrivons au cap nord.

8. — Vient le mois de juillet tant désiré ; alors nous faisons voile pour partir, disant : adieu, Cap nord. nous rencontrons avec bonheur l'île de Grimsey et nous voguons en hâte vers la pointe rouge ; et de là, à la baie bleue qui nous donne beaucoup de cabillau.

9. — Le mois d'août arrive ensuite ; chacun songe à sa bien-aimée ; nous courons vers le sud, la pêche est finie. Quand le quinzième jour approche et que le vent souffle du nord, chacun de nous, pour qui l'absence a été une leçon d'amour, dit : adieu, Languenesse.

10. — Laissez donc aller le navire ; qu'il fasse écumer les vagues; déployer le hunier. Matelot, apporte-nous la bouteille ! Pilote, à bâbord ! regarde, voilà Nieuport. Puis, d'un commun accord, nous tenons la côte jusqu'à Dunkerke.


Source : Ed. de Coussemaker - Chants populaires des flamands de France, page 247

Cette chanson est très populaire à Dunkerke parmi les marins habitués à faire la pêche de la morue.
Elle offre également de l'intérêt comme peinture de mœurs.