Origine : Provence
Année de l'arrangement : 2002


 

La filho doou ladre


La filho doou ladre La fille du lépreux
  Moun paire m'a mandado au bos
Au bos culhi l'óulivo,
bis
Dins lo bos,
Poulit bos !
  Mon père m'a envoyée au bois
Au bois cueillir l'olive,
bis
Dans le bois,
Joli bois !
2.
N'ai tant culhi et reculhi
Que me siou endourmio.
2.
J'ai tant cueilli et recueilli
Que je me suis endormie.
3.
N'ai tant durmi et redurmi
Que la nuech m'a surprio.
3.
J'ai tant dormi et redormi
Que la nuit m'a surprise.
4.
Oh ! qu me passarie lou bouesc
Seriou sa douc' amio !
4.
Oh ! qui me ferait traverser le bois
Je serais sa douc' amie !
5.
Ven à passar gai chevalier :
Moi vous le passerie.
5.
Vint à passer un gai chevalier :
Moi je vous le ferai traverser.
6.
N'en soun pas au mitan doou bouesc
Qu'u, poutoun l'a surprio.
6.
Ils ne sont pas à la moitié du bois
Qu'un baiser l'a surprise.
7.
— Tiretz-vous arrier, chivalier,
Prendriatz ma maladio.
7.
Arrière, chevalier,
Vous attraperiez ma maladie.
8.
— Quelle maladie avez-vous,
Rosette, belle fille ?
8.
Quelle maladie avez-vous,
Rosette, belle fille ?
9.
Iou siou la filho d'un ladrie
Nat dins la ladrario.
9.
Je suis la fille d'un lépreux
Né dans la ladrerie.
10.
Quand agueroun passat lou bouesc
Roso se met' à rire.
10.
Quand ils eurent passé le bois
Rose se met à rire.
11.
— De que risetz, Roso m'amour,
Rosette, belle fille ?
11.
De quoi riez-vous, Rose m'amour,
Rosette, belle fille ?
12.
— Rise pas de vouestro beautat
Ni de vouestro sotiso,
12.
Je ne ris pas de votre beauté
Ni de votre sottise,
13.
Rise d'aver passat lou bouesc
Comm' un' hounesto filho.
13.
Je ris d'avoir passé le bois
Comme une honnête fille.
14.
— Belo, se vouriate retournar,
Cent écus vous darie.
14.
Belle, si vous vouliez retourner,
Cent sous je vous donnerais.
15.
Moun beou moussu, quand l'on la ten,
Fau plumar la gallino.
15.
Mon beau monsieur, quand on la tient,
Il faut plumer la poule.

traduit par : Reinat Toscano - http://toscanoreinat.chez.tiscali.fr/


Source : Damase Arbaud - Chants populaires de la Provence, tome 2 page 90

Rey-Dussueil a publié l'analyse d'une autre version provençale dont le dénouement est fort différent.

« Un chevalier, dit-il, rencontre dans un bois une fille endormie.
Il met pied à terre ; la jeune fille s'éveille en sursaut et, frappée de la bonne mine du jeune homme, elle s'éprend pour lui d'une vive et subite passion.
Le chevalier la prie d'amour, mais elle le refuse tristement ;
enfin, sur le point de céder, elle le repousse une dernière fois, lui apprend qu'elle est fille d'un lépreux, et va mourir loin de lui. »

« Iou siou la fio d'un ladrie
Nach dins la ladrario.
— Eh ! que maugrabion lou ladrie
Qu'a tant poulido fio.
— De t'aver vist, bel chevalie,
Me costerà la vido. »
Je suis la fille d'un lépreux
Née dans la ladrerie.
— Eh ! que soit béni le lépreux
Qui a une si jolie fille!
— De t'avoir vu, beau chevalier,
Cela me coûtera la vie.
Rey-Dussueil, la confrérie du St Esprit, chronique marseillaise de l'an 1228, tome IV, page 42