Origine : Bas-Poitou
Année de l'arrangement : 2002


 

Les trente voleurs de Bazoges*

(complainte)


I étions rassemblés trente,
Trente voleurs ensemble,
Tous habillés de blanc
Pour voler les marchands.

 

2.
La premièr' des vol'ries,
Q'i ous fait en notre vie,
Mes camarad' et moi,
I avons volé le roi.**

 

3.
I avons été à Rennes
Pour y voler la reine,
La reine y était pas,
I avons volé le roi.

 

4.
I ons enfoncé les portes,
Les gard' étions point fortes.
Les cabinets secrets,
I les avons trouvés.

 

5.
I ons défoncé les coffres,
Pour y voler les robes,
Des rob', aussi de l'or,
Le sujet de ma mort.

 

6.
Nous en furant à Nantes,
A Nant' au marché vendre.
Vendre à bien bon marché,
C'qui nous a rien coûté.

 

7.
Le curé de Bazoges,
Avecque sa grand'robe,
Et son bonnet carré,
Nous a bien mal jugés.

 

8.
Nous a jugé' à pendre,
Lundi sans plus attendre,
Mardi sans plus tarder,
A pendre ou à brûler.

 

9.
Si iavais cru mon père,
Mon père aussi ma mère,
I ne s'rais point ici,
Dans tchés maudits pays.

 

10.
Si j'avais cru ma femme,
Ma femm', ma jolie femme,
Mes trois petits enfants,
I s'rais riche marchand.


Source : Jérôme Bujeaud - Chansons populaires des provinces de l'ouest, t. 2 page 228

* Bazoges-en-Pareds, Vendée.
** Sans doute le duc de Bretagne.

Le jeudi 3 février 1583, M. Rapin, Vice-Sénéchal de Fontenay-le-Comte, accompagné de ses soldats, au nombre de 25, tuèrent à Réaumur 40 ou 50 voleurs, qui, sous ombre d'être de compagnie, pillaient et rançonnaient les pauvres rustiques du plat pays, et violaient les femmes, sauf un ou deux desdits voleurs, dont l'un estait sergent de leur compagnie, qu'il fit conduire audit Fontenay, où il le fit pendre.

Cette complainte offre une grande ressemblance avec la :

Chanson nouvelle sur les regrets d'un voleur nommé Caplanbou, qui fut mis sur la roue et exécuté à Tholose, le 3 septembre 1583.
(J. Bujeaud)