Origine : Alsace
Année de l'arrangement : 2002


 

Chanson sur sainte Odile*


Odilia blind geboren war,
Ihr Vater der war ein jähzornig Mann ;
Er liess sich ein
Fässlein binden,
Ja binden.
etc.


Traduction

Odile était née aveugle ;
Son père, un homme emporté,
Fit cercler un tonneau,
Un tonneau.

 

2.
Il enfonça le fond du tonneau,
Et y mit la jeune Odile ;
Le tonneau fut placé sur l'eau,
Sur l'eau.

 

3.
Ainsi elle demeura trois jours et trois nuits ;
Le tonneau fut placé devant la roue d'un moulin,
Et la roue cessa de tourner,
De tourner.

 

4.
Le meunier s'élança hors du moulin :
« Grand Dieu ! qu'y a-t-il donc à ma roue,
Pour la faire arrêter,
Pour l'arrêter ? »

 

5.
Il enfonça le fond du tonneau,
Et en retira la jeune Odile,
Et la retira hors de l'eau,
Hors de l'eau.

 

6.
Il l'éleva jusqu'à l'âge de vingt ans ;
C'était une fillette douce et bonne,
Alors s'écrièrent tous les enfants,
Les enfants :

 

7.
« Un enfant trouvé doit s'appeler Odile,
Ou bien elle doit chercher bien vite sa mère,
Egalement son père ;
Son père. »

 

8.
— Avant qu'on m'appelle orpheline,
Je veux aller à la recherche de ma mère,
Egalement de mon père,
De mon père.

 

9.
Elle s'agenouilla sur le marbre,
Jusqu'à en avoir des trous dans les genoux,
Et arrosa ses joues de larmes,
De larmes.

 

10.
Elle pria trois jours et trois nuits,
Jusqu'à ce que l'infernal Satan
Apportât le père sur son dos,
Sur son dos.

 

11.
C'est arrivé, mais n'arrivera plus,
Qu'un enfant délivre son père
Des flammes de l'enfer,
De l'enfer.


Source : J. B. Weckerlin - Chansons populaires de l'Alsace, t. 1 page XII

 

" Sainte Odile, patronne populaire de l'Alsace.
Vers la fin du VIIème siècle, à Obernai, Bereswinde donna naissance à une fille aveugle ;
son époux le duc Athic, Aldaric ou Etichon, qui espérait un fils, dans sa déception, donna ordre de la mettre à mort.
Bereswinde trouva moyen de confier l'enfant à une nourrice fidèle qui s'enfuit avec son trésor et le porta au monastère de Beaume-les-Dames, où une parente de Bereswinde était abbesse.

Quand saint Erhard vint à ce couvent avec saint Hidulphe, ils baptisèrent la jeune fille, et obtinrent par leurs prières que la néophyte recouvrât la vue.
Ce miracle se répandit dans tout le pays de l'Est et plus tard le père se réconcilia avec sa fille et l'aida à fonder divers monastères (tel celui de Hohenbourg).

Sainte Odile (660-760/768 ?) a laissé deux testaments qui sont parvenus jusqu'à nous."