Origine : Nivernais/Morvan (Beaumont-la-Ferrière)
Année de l'arrangement : 2002


 

L'aimable jardinière


En revenant de la guerre,
Que j'ai donc eu de plaisir :
Une aimable jardinière
Accomplit tous mes désirs.
Mes cheveux en cadenette,
Bien frisés, bien retapés,
Chemise à double manchette ;
Mon épée à mon côté. (bis)

 

2.
Je me suis approché d'elle,
J'lui ai dit : — Bonjour, mon cœur,
Mon aimable jardinière,
Je suis fils d'un grand seigneur.
Tes beaux yeux, ta gentillesse,
T'as bien su charmer mon cœur,
Si tu veux être ma maîtresse,
Je te ferai ton bonheur.

 

3.
— Mon beau monsieur, lui dit-elle,
Je crois que vous badinez,
Suivant les lois sur la terre,
Faut connaître avant d'aimer.
Vous qui avez tant de terre,
Voudriez vous épouser
Une simple jardinière
Qui n'a rien sans travailler.

 

4.
— Ce n'est pas pour tes richesses,
Belle, que je voudrais t'avoir,
Ce n'est qu'pour ta gentillesse,
Embrasse-mois, charmant minois,
Tous tes blâmes sont des louanges,
Ouvre-moi ton beau jardin,
Tu n'y trouveras rien d'étrange
Si j'y plante le romarin.

 

5.
— Hélas ! ce me dit-elle,
Je n'ose trop avancer,
Suivant la loi de Cytère
Y faut connaître avant d'aimer.
Oh ! pour vous délivrer passage,
Je crains que vous gâtiez mes fleurs
Car souvent le badinage
Ne cause que du malheur.

 

6.
Elle m'ouvre son parterre,
J'en fus d'abord tout confus,
Et moi, pour la satisfaire,
Je lui fais ce que j'ai pu.
Je lui cueille la plus belle,
Je lui mets la belle en main,
Oh ! monsieur, ce me dit-elle,
Revenez encore demain.


source : A. Millien - Chansons populaires du Nivernais et du Morvan, t. 5 page 200

Chanté par M. Berdonneau, né à Donzy vers 1800.