Origine : Alsace (Kochersberg)
Année de l'arrangement : 2001


 

S'messti lied

(chant de moisson)


(Conversation entre deux jeunes filles)

Dänk ä mohl Brydel,
Der Mair het mer gsäit
Dass mer dä Mesti bal han;
Er weiss es wohl, s'macht im Herr
etc.


traduction

Ecoute donc, Brigitte, ce que monsieur le maire m'a dit,
C'est que nous aurons bientôt la fête ;
Il sait bien que cela ne fait pas plaisir à monsieur le curé,
Mais cela lui est bien égal.

Si le dimanche il (le curé) gronde
Pitoyablement,
Il sait d'avance que les reproches
Ne font pas grand effe;
D'ailleurs le bénéfice de la danse
Est pour les pauvres.
De cette façon il y a du plaisir
Pour les riches et les pauvres.

 

On va adjuger la fête dimanche,
Ainsi que cela se pratiquait anciennement.
Est-ce que le curé croit donc que c'est pour le blesser ?
On agissait ainsi avant lui.
Mais que nous adviendra-t-il dimanche,
Quand nous serons devant lui au catéchisme ?
Qu'il gronde et crie tant qu'il voudra,
On regarde son livre, silencieuse comme une souris.

 


Maintenant chère Brigitte, prépare les habits
Qu'on met le jour de la fête.
Te rappelles-tu comme c'est gracieux, admirable ?
Les garçons ont des bouquets sur le chapeau,
Les jeunes filles ont des tabliers froncés, blancs comme neige,
Des manches à gigots, qui s'élèvent en l'air ;
Le plus joli c'est quand on piétine et qu'on saute,
Afin que le danseur vous apporte un pain d'épice.

 

Brigitte, mon enchanteresse, as-tu des souliers légers ?
Les miens sont prêts depuis longtemps,
Avec une paire de bas, blancs comme neige,
Comme c'est ici la mode maintenant.
Quand on se présente à la danse bien nippée,
Avec un air aimable et joyeux,
On a tout de suite autant de danseurs qu'on veut,
Et l'on reste rarement un quart d'heure tranquille.

 

Dans notre auberge la danse n'est pas difficile,
Quand on sait comment il faut se balancer,
Surtout si au milieu il n'y avait pas le poteau,
Et si on y pensait en dansant ;
Madeleine, la fille du maire, tu l'as encore connue,
S'est cogné le nez au poteau,
Elle m'a donné une secousse et alors j'ai glissé,
Sans cela j'aurais attrapé, cette fois-là, le chapon.

 

Brigitte, ne dis à personne ce que je t'ai confié,
Même si une fille te le demande;
Cela se répandrait de suite dans tout le village.
Les filles sont malignes, tu ne les connais pas encore,
Chacune voudrait être la plus belle, et nous mettrait au défi,
Marie l'épicière, Louise la tonnelière et Madelon
Se mettrait tout de suite devant, le jour de la fête.

 

Choisis, maintenant, Brigitte, un danseur,
Tandis qu'on peut encore choisir ;
Dis-lui une douce parole, promets-lui un bouquet,
Sans cela il se sauvera.
J'ai le plus beau, aucun ne danse comme lui,
L'un danse avec raideur, l'autre danse lourdement,
Pour cela les autres sont trop lourds et trop bêtes.

 

Quand on a assez dansoté le soir,
On se met à table,
On mange du pain et l'on boit d'autant;
Souvent aussi il y a de la tarte et du poisson,
Chaque garçon ramène galamment sa danseuse,
Ce qu'ils se disent est un secret.
Peu de temps après vient la musique pour donner une sérénade,
La fillette ferme le volet et se réjouit à mourir.


Source : J. B. Weckerlin - Chansons populaires de l'Alsace, t. 2 page 86