Origine : Ardennes (Chémery sur Bar)
Année de l'arrangement : 2001


 

L'enterrement de ma pauvre belle-maman


Hier, c'était l'enterrement
De ma pauvre belle-maman.
Un' femm' qu'avait tout's les vertus ;
Hélas, nous ne la reverrons plus !
Comm' ell' avait plus d'soixant' ans,
On attendait ça d'puis longtemps ;
L'matin, on est v'nu la chercher
Et puis en rout', fouette cocher !…
Le vent soufflait je ne sais d'où,
Trou la la itou (bis) ;
Le soleil dorait l'horizon
Et zon, zon, zon.
Nous marchions d'un air décidé,
Gai, gai, gai la rira don dé
Et nous marchions tous comm' ça.
Larifla, fla, fla.

 

2.
Près de moi dans les premiers rangs
S'avançaient les proches parents ;
Sous la douleur se laissant choir
Et pleurant tous dans leurs mouchoirs.
Soudain, l'un d'eux s'approche de moi
Et me dit d'un ton plein d'émoi :
— Vraiment, du ciel nous sommes maudits !
Tout en pleurant, j'lui répondis :
— Oui, monsieur, je suis comme un fou.
Trou la la itou (bis) ;
ça fait un vide à la maison
Et zon, zon, zon.
De pleurs je suis tout inondé,
Gai, gai, gai la rira don dé.
Et nous pleurions tous comm' ça.
Larifla, fla, fla.

 

3.
Il commençait à se faire tard
Quand t'nous arrivâmes à Clamart
Nous entrions quéque temps après
Dans un jardin planté de cyprès.
Les hommes pleuraient en sanglotant,
Les femmes sanglotaient en pleurant.
Gendres, neveux, cousins, p'tits-fils
Entonnaient le De Profondis.
Comme on la descendait dans le
Trou la la itou (bis) ;
Chacun disait une oraison
Et zon, zon, zon.
En criant comme un possédé,
Gai, gai, gai la rira don dé ;
Et nous chantions tous comm' ça.
Larifla, fla, fla.

 

4.
A la sortie, v'là qu'les parents
Prennent d'assaut les restaurants,
Pour se consoler un p'tit brin,
On fit v'nir cinquant' litr's de vin.
Quand t'les cinquant'litres fur'nt bus,
On en fit rev'nir encore plus.
Si bien qu'au moment d'se quitter,
I y avait pus moyen d's'acquitter.
Tout le monde avait bu comme un
Trou la la itou (bis) ;
On avait son petit pompon
Et zon, zon, zon.
Quand t'votr' crampon s'ra décédé,
Gai, gai, gai la rira don dé ;
Faudra l'enterrer comm' ça,
Larifla, fla, fla.


Source : Bernard Poplineau - Histoires chansons populaires ardennaises, page 150 (éd. de 1979)

Communiquée par MM. Deglaire Bernard et Dehaye Pierre à Chémery-sur-Bar.

Chanson sur le thème de la belle-mère-poison.
Il commence sur l'air du — Dies irae — qu'on chantait jadis en latin à tous les enterrements.
Et brusquement devient rapide et gai.

Cette chanson est d'Aristide Bruant (1851-1925).