Origine : Languedoc (Tarn)
Année de l'arrangement : 2013
L'Escriveta
(L'Escrivette)
Maridoun l'Escriveta, la flou de tout païs. (bis)
La maridoun tant jouina que se sap pas vestì.
etc.
traduction
On marie l'Escrivette, la fleur de toute contrée. (bis)
On la marie si jeune
qu'elle ne sait pas se vêtir.
Son mari va en guerre, pour la laisser grandir,
Le lundi on fait la noce; il est parti mardi.
Au bout de sept annnées, il revint au pays.
— Pan ! pan ! il frappe à la porte : — Femme, viens ouvrir.
Sa mère se montre : — Escrivette n'est pas ici;
Nous l'avons envoyée à l'eau, elle n'a pas su en revenir;
Les Maures nous l'ont prise, les Maures Sarrasins.
— Où l'ont-ils emmenée
? — A cent lieues d'ici.
— Je ferai faire une petite barque toute avec [du bois] de perche fin,
Et j'irai la chercher, quand je saurais de mourir.
Il demeura sept ans sur l'eau, sans rien voir venir.
Au bout de sept années, il aborda au pays,
Au pays du roi Maure, du Maure Sarrasin.
Il trouva là des femmes sur le bord du chemin.
— Quest-ce que cette tour et le château qui est là ?
C'est le château du Maure, du Maure Sarrasin.
— Comment appelle-t-on la dame que l'on y a enfermée ?
On l'appelle l'Escrivette, la fleur de son pays.
Dans le château du Maure, du Maure Sarrasin,
Comment peut-on faire pour entrer ?
Il vous faut vêtir en forme de pauvre Sarrasin
Ou demander l'aumône tout comme un pèlerin.
L'Escrivette en fenêtre de loin l'a vu venir.
— Faites l'aumône au pauvre, au nom de Jésus-Christ.
— Servante, faites l'aumône au pauvre qui est là.
— Fais-la toi-[même], Escrivette, à ceux de ton pays.
— Et qui dit que cela peut-être des gens de mon pays,
Lorsque les oiseaux
qui volent ne peuvent en venir,
Si ce n'est les hirondelles qui vont par toute contrée ?
— Dites-moi donc, ô dame, voulez-vous
y venir
Et quitter ce soir le pays sarrasin ?
— Mets ta nappe, servante, le pauvre dîne ici.
Pendant qu'ils sont à table l'Escrivette se rit [à elle-même].
— De quoi riez-vous, ô dame, et vous moquez-vous ainsi ?
— Ce n'est pas de vous que je ris, car vous êtes mon mari,
Mais bien du roi Maure, du Maure sarrasin !
Ils montèrent [dans] la tour et prirent de l'or fin.
Ils allèrent à l'écurie où étaient les chevaux;
Il monta sur le rouge, l'Escrivette sur le gris.
Ils ne furent pas [plutôt] à la mer que l'on ouït un cri :
— Le Maure va par chemins, le Maure est par ici !
— L'or jaune que tu m'emportes ferait luire la mer;
Le chevaux que tu m'emmènes font frémir la terre !
Sept ans je l'avais nourrie de pain et aussi de vin;
Sept ans je l'avais habillée de satin et de soie;
Sept ans je l'avais gardée pour la donner à mon fils !
Mais si je pouvais la tenir, je la ferais bien mourir !
— Si tu l'as sept ans nourrie
de pain et de vin,
Si tu l'a habillée sept années de satin et de soie,
Si tu l'a gardée sept ans pour la donner à ton fils,
Elle était ma femme, à moi, et je suis son mari.
Source : Charles Bordès, Onze chansons du Languedoc, page 3
Air chanté par Denis Alliès, cocher à Lacaune,
texte communiqué par M. Roque-Ferrier à Montpellier.
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