La bergère de nos hameaux,
Gardant son troupeau sur l'herbette,
Au pied du coteau,
Parmi les roseaux,
Prenant plaisir seulette,
Au pied du coteau,
Parmi les roseaux,
Filant sa quenouillette.

 

2.
En l'entendant dir' sa chanson,
Le long du buisson je me glisse ;
Au pied du coteau
Je m'foule aussitôt
Pour mieux voir la bergère ;
Au pied du coteau
Je m'cache aussitôt :
J'entendis la bergère.

 

3.
Elle eut un assoupissement
Qui dans le moment l'a saisie.
Sur le jonc charmant
Ell' s'couche à l'instant
Et puis s'est endormie ;
Je pris promptement
Le fizô (fuseau) d'argent
Qu'elle avait auprès d'elle.

 

4.
Je m'échappai comme un nigaud
Avec le fizô de la belle.
Au pied du coteau,
Parmi les roseaux,
J'entendis la bergère
Qui tout haut criait :
— Où est mon fizô ?
Ah ! que dira ma mère ?

 

5.
En la voyant si désolée
J'm'en fus à ses pieds sans attendre.
Et je lui ai dit :
— Que veux-tu donner,
Qui pourrait te le rendre ?
Ell' dit, en pleurant :
— Tout' mes amitiés,
Ce que j'ai de plus tendre.

 

6.
Moi, croyant bien avoir son cœur,
J'lui montrait son fizô tout d'suite.
D'un air tout badin,
Je l'mis dans sa main,
Grand Dieu ! Qu'elle était aise !
Sitôt qu'ell' le tint,
Elle appell' son chien :
— Te voilà, mon fidèle !