Origine : Haut-Languedoc (Toulousain)
Année de l'arrangement : 2001


 

Se canto

(S'il chante)


Sur le pont de Nantes
Il y a un oiseau,
Qui dans la nuit chante,
Sans jamais cesser.
S'il chante, qu'il chante,
Ce n'est pas pour moi !
C'est pour mon amie
Qui est près de moi !

 

2.
Dessous ma fenêtre
Y a un amandier
Qui fait des fleurs blanches
Comme du papier.
S'il chante…

 

3.
Ah ! Si ces fleurs blanches
Produisaient des fruits,
J'emplirais mes poches
Pour elle et pour vous.
S'il chante…

 

4.
Ces hautes montagnes,
Qui si hautes sont,
M'empêchent de voir
Où sont mes amours.
S'il chante…

 

5.
Qui saura me dire
Où puis-je les voir ?
Je passerais l'eau
Sans peur de m'noyer.
S'il chante…

 

6.
Elles sont bien hautes
Mais s'abaisseront
Et mes amourettes
Se rapprocheront.
S'il chante…


Source : Joseph Canteloube - Anthologie des Chants Populaires Français, t. 1 page 76

Origine : Jean Poueigh, Chansons populaires des Pyrénées françaises, page 335, lequel propose 4 versions différentes.

Chanson ayant aussi pour titre Aquelos mountagnos (Ces montagnes). n° 1588 page 80

Aquelos montagnos,
Qui tant nautos sount,
M'empatchon de bése
Mas amous ount sount.

etc.

traduction :
Ces montagnes,
Qui tant hautes sont,
M'empêchent de voir
Où sont mes amours

Abaissez-vous montagnes,
Plaines haussez-vous !
Afin que je puisse voir

etc.

Chanson très répandue dans le sud de la France.
Elle fut très probablement faite par des matelots toulousains transportant le pastel de Toulouse à Nantes pour le compte d'armateurs nantais.
Le pastel était cultivé en Lauraguais.
Le bleu était obtenu sous forme de coque d'où l'expression pays de cocagne appliquée à un pays heureux et riche.
Ce bleu-pastel fit, au 16e siècle, la fortune du Midi.
(J. Canteloube)

Cette version languedocienne, postérieure à la gasconne et moins pure aussi, présente des altérations, déformations, interpolations, différentes suivant les régions et peu propres à l'établissement d'un texte critique définitif.
Beaucoup de chanteurs lui donnent pour titre le premier vers du premier couplet qu'ils placent en tête et qui est Dessus lou pount de Nanto.
Ainsi devient toute rationnelle l'invite à l'oiselet : Se cantos, que cantes ! adoptée partout comme refrain…
Le pont de Nantes est quelquefois remplacé par celui de Lourdes ou encore par sous ma fenêtre…

A l'encontre de la mélodie gasconne, fort ancienne, l'air languedocien ne semble pas remonter plus haut que le 16e siècle…
(J. Poueigh, extraits)