Origine : Bretagne
Année de l'arrangement : 2000
Bale Arzor
(La Marche d'Arthur)
— Deomp, deomp, deomp, deomp, deomp, deomp, d'ar gad'
Deomp, kar, deomp, breur, deomp, map, deomp, tad !
Deomp, deomp, deomp holl ! deomp' ta, tud vad !
Mab ar c'hadour a lavare,
Lavare d'he dad, eur beurre :
— Marc'hegerien war lein ar bre !
etc.
Allons, allons, allons au combat !
Allons, parent, allons frère, allons, fils, allons, père !
Allons ! allons ! allons tous ! allons donc, hommes de cœur !
Le fils du guerrier disait à
son père un matin :
— Des cavaliers au sommet de la montagne !
Des cavaliers qui passent montés sur des coursiers gris qui reniflent de froid !
Rangs serrés six par six ; rangs serrés trois par trois; mille lances brillant au soleil.
Rangs serrés deux par deux, suivant les drapeaux que balance le vent de la Mort.
Neuf longueurs d'un jet de fronde depuis leur tête jusqu'à leur queue.
C'est l'armée d'Arthur, je le sais ; Arthur marche devant au haut de la montagne.
Si c'est Arthur, vite à nos arcs et à nos flèches vives ! et en avant à la suite, et que le dard s'agite !
Il n'avait pas finit de parler que le cri de guerre retentit d'un bout à l'autre des montagnes :
— Cœur pour œil ! tête pour bras ! et mort pour blessure, dans la vallée comme sur la montagne ! et père pour mère, et mère pour fille !
« Etalon pour cavale, et mule pour âne ! chef de guerre pour soldat, et homme pour enfant ! sang pour larmes, et flamme pour sueurs !
« Et trois pour un, c'est ce qu'il faut, dans la vallée comme sur la montagne, jour et nuit, s'il se peut, jusqu'à ce que les vallées roulent des flots de sang.
« Si nous tombons percés dans le combat, nous nous baptiserons avec notre sang, et nous mourrons le cœur joyeux.
« Si nous mourons comme doivent mourir des chrétiens, des bretons, jamais nous ne mourrons assez tôt ! »
(Cette dernière strophe,
a sans doute été ajoutée par une voix moderne et a dû
contribuer à sauver de l'oubli la Marche d'Arthur.
Elle était toujours répétée trois fois par les
chanteurs qu'elle enthousiasmait).
Source : Th. Hersart de La Villemarqué " Barzaz-Breiz " page 706
" La popularité dont
jouit en Bretagne le nom d'Arthur est un des phénomènes les
plus curieux de l'histoire de la fidélité bretonne.
Ce nom, primitivement porté par une divinité guerrière,
le fut, au 6e siècle, par un chef illustre, mort en défendant
sa patrie, et auquel on attribua plusieurs des vertus surhumaines de son homonyme
adoré.
Ni la défaite ni l'exil
ne purent faire oublier Arthur aux Bretons
sa renommée magique, traversant la mer avec eux, reçut en Armorique
une vie toute nouvelle :
il y devint, comme il était dans l'île de Bretagne, un symbole
armé de la liberté nationale; et le peuple, à toutes
les époques, depuis le 6e siècle jusqu'à nos jours, y
répéta, en les adaptant aux circonstances, les traditions et
les bardits dont il était le sujet. "
(Th. H. de La Villemarqué)
Voir une autre version de ce chant :
Ar roue Arzhur (Basse-Bretagne) n° 2615 page 131