Origine : Angoumois
Année de l'arrangement : 1983


 

C'est un Picard

(chant de papetiers)


C'est un Picard. C'est un Normand,
Un Champenois nommé la Ruine, (bis)
Qu'on veut faire compagnon !
Savez-vous pas que l'ordinaire
S'en va toujours en reculant ? (bis)

2.
Il semble à tous ces maîtres-là
Qu'il n'y a pas d'ouvrage en France.
Nous en irons dans la Provence,
Du côté de Sisteron.
Nous en irons à Carcassonne,
Petite vill' de grand renom.

3.
Il faudrait, à ces maîtres-là,
Des ouvriers faits à leur guise,
Travaillant et jour et nuit,
Qu'on leur demand' de fair' la rente * :
Ils vous envoient à M'sieur le puits !


Source : Joseph Canteloube - Anthologie des Chants Populaires Français, t. 2 page 422

Origine : Jérôme Bujeaud - Chants et chansons populaires des provinces de l'ouest, vol. 2 page 162.

 

*En Angoumois, un ouvrier papetier sans ouvrage avait droit de lever sa rente, c'est-à-dire de se faire nourrir dans les moulins (à papier) où il jugeait à propos de s'arrêter.

Ces couplets semblent se rapporter à la coalition que l'édit de 1739 sucita parmi les papetiers de l'Angoumois.
Par cet édit, les peines les plus sévéres étaient portées contre l'ouvrier qui se refusait à recevoir un apprenti étranger*.
Les ouvriers, outrés émigrérent en masse, de telle sorte que pas un moulin ne marchait réguliérement à la fin de l'année 1750.
(Hist. de la papeterie d'Angoulême, page 42 et 43).
J. Bujeaud

*Par étranger l'on entend les autres provinces françaises, à l'exception de la Gascogne, du Béarn et de la Provence, avec qui ils avaient un traité d'alliance.
op. cit.