Monuments

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Les églises (suite)

IV - Les clochers et les cloches

Les gens voisins des églises dont les tours présentent des inclinaisons apparentes, expliquent cette anomalie par des légendes.
L'inclinaison du clocher de Polleur au pays de Liège est due à une aventure qui rappelle un des épisodes de M. de Crac.
La neige était tombée en si grande abondance qu'on apercevait plus que la croix du clocher;
un paysan, surpris par la tourmente, y attacha sa vache;
mais le dégel était promptement survenu, elle se trouva suspendue en l'air et par ses mouvements désordonnés elle tordit et fit incliner la tour.

 

Quelques légendes parlent des hantises des clochers.
On voyait parfois la nuit sur la pointe de celui de Saint-Martin, une fée, non pas jeune et avenante, mais toute décrépite;
elle avait une quenouille attachée à son sein, et de ses doigts s'échappait un fuseau qui dévalait lentement la pente ardoisée, et remontait pour redescendre encore;
quelques notes, tantôt lugubres, tantôt gaies arrivaient affaiblies à l'oreille du passant.

A Guernesey, les vieilles filles sont condamnées à rapetasser éternellement, assises sur le clocher, les chausses usées des célibataires.

 

Une corneille qui résidait dans la tour de Sainte-Marguerite à Liège allait pondre, la nuit du Vendredi saint, un œuf d'or dans le grenier d'un des paroissiens de cette église;
aussi chacun se gardait de fermer cette nuit-là toutes ses fenêtres.

 

Les cloches sont l'objet d'un baptême, et elles ont un parrain et une marraine qui leur donnent un nom, sous lequel plusieurs sont familièrement désignées.
Le peuple ne les regarde pas seulement comme des bronzes sonores destinés à annoncer diverses manifestations de la vie religieuse;
il leur accorde, outre une certaine puissance, une sorte d'animisme;
il en est qui se précipitent dans l'eau ou qui sonnent d'elles-mêmes.

Lorsque mourut à Rome le seigneur picard Simon de Crespy, qui par pénitence s'était fait charbonnier, toutes les cloches sonnèrent spontanément.

Le Propre de l'évêché de Vannes, imprimé en 1627, disait que celles de l'île de Groix se mirent en branle d'elles-mêmes au moment où saint Guenhaël y aborda.

Suivant une ancienne croyance avignonnaise, une cloche d'argent placée dans le palais des papes se faisait entendre chaque fois qu'un pape mourait et qu'un autre était élu à sa place.
Ce prodige figure dans la légende de saint Grégoire.

La cloche de Saint-Quay a eu longtemps la réputation de déceler les voleurs;
à Guingamp, une cloche sonna toute seule, quand un larron voulut dépouiller N.D. de Rochefort de ses riches ornements.

 

Les cloches ont longtemps passé, et cette croyance n'est pas éteinte, pour posséder la vertu de dissiper les orages;
quelques-unes portent même des inscriptions qui la constatent.

Tous les coups de battant que la cloche de Corrèze donne, repoussent à une heure de là (le nuage orageux).

En Savoie, la clochette de l'ermitage de Saint-Rupt dissipait les nuées menaçantes.

En Berry, où nombre de cloches sont réputées pour conjurer les orages, celles de Chabris avaient un tel pouvoir qu'on les avait surnommées les chiens de saint Phalier.

 

Leur pouvoir n'est pas borné aux météores :
dans les environs d'Angles (Tarn), on mettait en branle celle du pays pour préserver le grain en fleur de l'action malfaisante de la rosée.

En Limousin, on sonnait les cloches pendant la nuit du 22 au 23 juin pour empêcher les sorciers d'enlever au fumier sa vertu fécondante.

Une sorcière brûlée à Saint-Dié en 1572 conseillait, pour guérir un enfant qui ne cheminait ni ne parlait, de tirer bien fort les cordes des cloches.

Autrefois lorsqu'une femme était prête d'accoucher, on liait sa ceinture à la cloche de l'église, et on la faisait sonner trois coups.

Lorsque le capitaine de Merle voulut faire des canons avec la grosse cloche de Mende, il ne réussit pas à fondre le battant qui avait 2,30m de haut et 1,10m de circonférence et on le planta près de la porte de gauche de la cathédrale;
de nos jours encore toute femme qui désire un enfant vient se frotter le ventre contre ce bronze, en implorant la Vierge.

 

Les cloches figurent dans plusieurs observances en relation avec le baptême.
Au XVIIIème siècle, des gens simples s'imaginaient que quand on ne les sonnaient point les enfants devenaient sourds ou n'avaient point de voix pour chanter;
la première de ces croyances existe encore dans la Gironde.

En Basse-Normandie et en Poitou, le parrain et la marraine doivent la tirer ensemble pour que le filleul ne soit pas sourd.

En Saintonge pendant qu'elle sonne, le parrain et la marraine s'embrassent, afin que l'enfant ne soit ni morveux, ni malpropre, ni baveux.

 

h - Les châteaux

I - La construction

Lors même qu'il n'en subsiste plus que des ruines, les anciens châteaux conservent un aspect de puissance, de solidité, on pourrait presque dire d'indestructibilité, qui étonne les personnes même habituées à voir les grands édifices des capitales.

Alors qu'on a relevé par douzaines les traits légendaires qui motivent l'assise des édifices sacrés, on en rencontre peu qui se rapportent à celle des châteaux.
Un seigneur du Bas-Limousin avait choisi pour bâtir sa forteresse une montagne d'un accès difficile;
mais une nuit l'armée des lutins renversa les murailles commencées, et il ne put venir à bout de leurs maléfices.
Il se recommanda à saint Martial, monta à cheval et lança en l'air le marteau du maître maçon, en faisant le vœu de construire à l'endroit où il tomberait.
Guidé par son patron, il trouva le marteau au sommet d'une colline, où le vent soufflait avec violence.
C'est là qu'il bâtit le célèbre château de Ventadour, qui fut achevé sans trop grands obstacles, parce que saint Martial en éloigna le drac et les lutins qui s'étaient opposés à la construction du premier édifice.

 

Les avenues qui forment un des attributs essentiels des châteaux inspirent aux paysans une considération presque aussi grande que les demeures seigneuriales elles-mêmes.
Voici pourquoi le château des Aulnais possède la plus belle avenue qu'on ait jamais vue, et pourquoi aussi elle possède beaucoup de vides.
Le seigneur des Aulnais venait de parier contre celui de Trévran qu'avant un an et un jour il aurait une avenue longue d'une lieue, lorsque survint un inconnu;
il déclara qu'il tenait le pari, et que l'avenue serait plantée en une heure, si après le dîner et l'avenue terminée, le seigneur des Aulnais consentait à lui donner une signature sans condition.
celui-ci accepta, et aussitôt le diable courut de ci de là, frappant la terre avec un bâton et criant :

« Un chêne ici, un hêtre là, un ormeau là. »

Derrière lui les arbres désignés sortaient de terre et poussaient à vue d'œil.
Tout alla bien jusqu'au moment où un vieillard, qui disait son chapelet dans le coin d'un fossé, le menaça de le lui jeter à la figure;
le diable recula, et pendant la dispute, le seigneur des Aulnais arriva, monté sur son meilleur cheval, et lui déclara que son pari était perdu, puisqu'il n'avait pas fini avant le dîner.
Satan se mit alors à renverser les arbres qu'il venait de faire pousser;
mais le seigneur emprunta le chapelet du bonhomme, et le diable s'enfuit à cette vue, sans avoir pu détruire toute l'avenue.

 

II - Légendes et hantises diverses

Le nom de certains châteaux sont l'objet de légendes explicatives, comme la suivante recueillie dans le Finistère.

Le manoir de Trégont-Mab (trente fils) doit son nom aux trente fils d'une châtelaine qui l'habita.
Un jour que la duchesse Anne, était venue la voir, elle la pria de bien vouloir prendre un repas chez elle.
La duchesse accepta, mais à la condition que la famille seule y assisterait.
En entrant dans la salle, elle voit une immense table de trente deux couverts;
elle reproche à la châtelaine d'avoir fait des invitations contre sa défense.
Madame, j'ai trente fils, et tous les jours leurs trente couverts sont mis, et nous mangeons en famille.
La duchesse émerveillée accorda bon nombre de privilèges à cette légion d'enfants, et depuis la terre a gardé le nom de Trégont-Mab.

Georges Sand a parlé des hantises du château de Briantes, près de La Châtre.
« Tout en haut il y a, dans la carcasse du grenier, un trou dont on ne connaît pas le fond.
bien souvent on entendait la nuit dans cet endroit-là des beuglements, des alas! mon Dieu! tantôt comme des bestiaux, tantôt comme du monde.
Un jardinier ayant voulu allumer du feu dans une chambre d'en bas, toutes les chaises se mirent à danser, à lui tomber sur le dos, et à le battre jusqu'à ce qu'il s'en aille.
Il essaya cent fois sans jamais y parvenir à faire du feu dans cette chambre enragée. »

Quelques fois les propriétaires de ces demeures finissent par abandonner la place aux esprits qui y ont élu domicile;
c'est ainsi qu'on a cesser d'habiter un vieux château près de Tremblay (Ille-et-V.) parce qu'il est pleins de diables et de revenants.

Des personnages de l'autre monde se sont montrés à des gens bien éveillés, dans des pièces éclairées; sans paraître gênés par ceux qui les regardent, ils s'y conduisent comme de leur vivant et semblent répéter quelque scène où ils ont joués un rôle.

Chateaubriand qui, dans sa jeunesse, habita quelque temps le château où s'était montrée, peu auparavant, une de ces apparitions, l'a ainsi notée :
« Quand M. Livoret fut nommé régisseur à Lascardais, le comte de Châteaubourg, le père, venait de mourir.
M. Livoret, qui ne l'avait pas connu, fut installé au castel. La première nuit qu'il y coucha seul, il vit entrer dans son appartement un vieillard pâle, en robe de chambre, portant une petite lumière.
L'apparition s'approche de l'âtre, pose son bougeoir sur la cheminée, rallume le feu et s'assied dans un fauteuil.
M. Livoret tremblait de tout son corps.
Après deux heures de silence, le vieillard se lève, reprend sa lumière et sort de la chambre en fermant la porte.
Le lendemain le régisseur conta son aventure aux fermiers qui, sur la description de la lémure, affirmèrent que c'était leur vieux maître.
Tout ne finit pas là :
si M. Livoret regardait derrière lui dans une forêt, il apercevait le fantôme;
s'il avait à franchir un échalier dans un champ, l'ombre se mettait à califourchon sur l'échalier.
Un jour le misérable obsédé s'étant hasardé à lui dire :

« Monsieur de Châteaubourg, laissez-moi ! »

le revenant répondit : « Non. »
M. Livoret homme froid et positif, très peu brillant d'imagination, racontait tant qu'on voulait son histoire, toujours de la même manière et avec la même conviction. » (Chateaubriand - Mémoires d'Outre-tombe)

 

La croyance à une sorte de métamorphose posthume est assez répandue.

Un des seigneurs de Villeret,qui avait des contestations violentes avec sa sœur au sujet d'un héritage s'écria un jour :

Que celui de nous deux qui a tort soit frappé par la foudre !

Au moment où il venait de prononcer ces mots, un violent coup de tonnerre se fit entendre, bien qu'il n'y eût aucun nuage et la foudre frappa le seigneur, dont la tête, abattue du coup, bondit sur la terre et y creusa un trou où elle disparut.
depuis un beau lévrier vint chaque soir dans la grande salle du château où il se tenait toujours à la place d'honneur, à côté de la cheminée.
Durant les longues soirées d'hiver, jamais il ne lui arriva de déserter le foyer, et si quelqu'un s'avançait pour lui disputer la place, il se dressait sur son séant, et de sa patte droite allongeait un soufflet à cet hôte incivil.
L'un des habitants du château voulut tenter par des voies plus douces de l'éloigner.
Il s'approcha, et lui dit avec beaucoup de respect :

M. de Villeret, voudriez-vous me céder votre place ?

L'animal merveilleux ne se le fit pas dire deux fois; il disparut pour jamais.

 

A plusieurs châteaux s'attache une légende d'après laquelle des personnages qui ne sont pas de ce monde se montrent dans les appartements ou dans le voisinage lorsqu'il doit s'y produire un événement funeste.

En Ecosse, cet esprit avertisseur attaché à la famille est désigné sous le nom de “ banshie ”.
En France cette croyance est beaucoup plus répandue qu'on ne le pense généralement.

Les deux récits qui suivent sont dus à des personnes qui connaissaient par tradition familiale, l'origine de l'apparition.
Au Château de la Ville Even (C.-d'A.), l'on vit en 1886, une semaine avant la mort du propriétaire, alors bien portant, une dame blanche échevelée et les mains jointes;
on raconte qu'il y a environ trois siècles, une dame de la famille, à qui appartient encore cette ancienne demeure, dit sur son lit de mort à son fils aîné qu'elle reviendrait avertir ses descendants quand ils devraient passer de vie à trépas.

Chaque fois qu'un malheur menaçait les descendants de la châtelaine du Mas, près de Brioude, morte sans confession après avoir été infidèle à son mari, elle était condamnée à apparaître pour les prévenir.
Quand quelqu'un devait mourir, la dame blanche rôdait plusieurs nuits de suite autour du château, puis pénétrait dans la grande chambre, où elle réveillait ceux qui dormaient en les giflant, puis elle disparaissait.
La dernière fois que l'on prétend l'avoir vue, c'est le 13 décembre 1881, à la mort d'une dame, mariée à un descendant du Mas.

 

Dans la légende qui suit, l'avertisseur de trépas semble n'être aperçu que par ceux qui ont le don de seconde vue.

Lorsque, en 1587, Jacques d'Amboise quitta Ambijoux pour rejoindre l'armée royaliste, il remarqua dans la cour du château un mendiant nommé Dreil, qui le regardait tristement et il lui jeta une aumône.
Le vieillard ramassa l'écu et, quand le comte disparut, on le vit verser des larmes.
Interrogé sur son chagrin, il expliqua que ce matin même, au moment où messire Jacques faisait, devant l'autel de la chapelle seigneuriale, sa prière d'adieu, lui, Dreil, agenouillé dans un coin, avait vu le fantôme des Amboise se placer derrière le comte et y rester silencieux.
“ Comme cette apparition présage toujours une mort, tenez pour certain, ajouta-t-il, que le maître d'Ambijoux ne reviendra plus. ”
Deux mois après, Jacques d'Amboise fut tué à Coutras.

 

Voici une légende ancienne localisée dans le château de la Grimaudière près de Tourouvre (Orne).
Il appartenait à un seigneur huguenot, M. de Tournebœuf, dont la famille entière était catholique.
Les fêtes de Noël arrivées, toute la famille de Tournebœuf se rendit à l'église; ce dernier, invité à suivre l'exemple commun, répondit en jurant qu'il aimerait mieux être rôti vif que de prendre part à un tel acte de superstition.
Lorsque la famille rentra au logis, on trouva le mécréant embroché devant la grande cheminée de la cuisine et rôtissant comme un simple poulet.
Un gros chat noir, dans lequel on reconnut immédiatement le diable en personne, faisait tourner la broche.
Au milieu du XIXème siècle, on montrait encore la cheminée où avait eu lieu cette terrible exécution.

 

III - Les hantises des châteaux inhabités

De tous temps, on a cru que des personnages surnaturels en prenait possession quand les hommes avaient cesser de les habiter.
Le château de Vauvert, qui était aux portes du Paris des Valois, est l'un des premiers dont des documents écrits fassent mention :

« Lorsque, après la mort de Philippe le Bel, il fut abandonné, on dit qu'il était occupé par un malin esprit appelé vulgairement le diable de Vauvert, lequel tourmentoit et affligeoit grandement tous ceux qui passoient par cette voye;
car personne n'y pouvoit passer qu'il ne fust frappé, offencé ou navré.
Il faisoit aussi de grands cris et par ces voix horribles il effrayoit un chacun
. »

En 1257, Louis IX en fit donation aux chartreux et les esprits s'en allèrent.

 

Au XVIème siècle, les adeptes de la sorcellerie, comptant sur les craintes populaires pour ne pas être dérangés, choisissent parfois comme lieu de réunion ces lieux inhabités.
Des sorciers de Vercon, auxquels on fit procès en 1566, s'assemblaient ordinairement « dans un chasteau vieil et ancien en guise de nombre infini de chats.
Quatre ou cinq hommes qui résolurent d'y demeurer la nuit se trouvèrent assaillis de la multitude de chats;
l'un des hommes y fut tué, les autres blessés, néanmoins ils blessèrent aussi plusieurs chats qui se trouvèrent après muez en femmes et bien blessées.
»

 

Nombre de légendes racontent les apparitions de personnages surnaturels dans les châteaux inhabités ou ruinés.

En Gascogne, les fées blanquettes dansent souvent sur les vieilles tours;
au sommet du donjon à demi ruiné de Marguerite, parsemé de violettes, elles forment pendant les nuits d'été des rondes où nul mortel n'est admis et sous leurs pas naissent ces jolies petites fleurs.

 

Lorsque la lune brille, il n'est pas rare de voir sortir des ruines du manoir de Kerprigent en Saint-Jean-du-Doigt une jeune femme très belle;
ses cheveux épars sur ses épaules indiquent qu'elle vient d'être surprise au moment où elle allait se livrer au sommeil;
sa bouche entrouverte exprime une profonde douleur, et sa main droite, tenant sur son cœur un linge souillé, montre une large plaie d'où s'échappe le sang.
Souvent elle jette des cris perçants qui attire la Biche blanche des landes;
elle se couche à ses pieds, la flatte et lèche les gouttes de sang qui souillent ses mains et sa robe.
D'après une tradition, un seigneur du Bois-Lou, amoureux de la châtelaine qui repoussa ses hommages et lui défendit l'entrée du manoir, jura de se venger, et la nuit qui suivit son départ, les serviteurs de la dame de Kerprigent la trouvèrent baignée dans son sang et couchée sur le pied de son lit.
depuis elle revient demander justice, mais son mari, mort en pays étranger, n'a jamais appris ses malheurs, et ses parents n'ont pas essayé de venger sa mort;
aussi reviendra-t-elle jusqu'à la fin des temps.

L'ombre de Midone, frappée par son père un jour qu'elle s'interposait entre lui et son époux, revient chaque nuit prier et pleurer sur les débris du château de Montaigle;
elle erre en silence, comme si elle cherchait son mari;
mais tous les dix ans, au coup de minuit, elle l'appelle en poussant un seul cri :

« Gilles ! » qui était le nom de son bien-aimé.

 

Chaque année, une dame blanche sans tête apparaît sur les ruines du château de Montaigu, et en fait le tour à minuit.
On croit reconnaître dans cette légende le mémorial du supplice par lequel aurait péri la châtelaine.

Une jeune fille vêtue de blanc se promène, quand le soleil brille, sur les ruines du château de Tonquédec;
on la voit de fort loin; dès qu'on en approche, elle s'éloigne.

Une dame blanche qui a été vue par plusieurs personnes vivantes aux ruines du château de Rolhbo (Suisse romande) court parfois après les passants;
un paysan la vit naguère en plein jour. Elle l'appelait par son nom en ajoutant :

« Viens ici que je te peigne, que je te peigne avec mon peigne d'ivoire. »

 


Parfois ces personnages apparaissent sous forme animale.

Un esprit revient une fois par siècle au château de Maiche sous l'aspect d'un cochon noir ou d'un homme à tête de porc.
On dit que c'est un ancien seigneur de cette terre qui aurait été condamné aux flammes éternelles, à moins qu'il ne parvint à trouver un homme assez hardi pour lui prendre entre les dents une clé toute rouge de feu, à l'aide de laquelle on peut s'emparer de ses trésors qui sont encore cachés dans les décombres de son château.

Un lapin blanc d'une grandeur extraordinaire, qui sort la nuit des ruines de Penhoët, descend dans les douves, disparaît sous les ronces, va, vient, repasse cent fois par le même endroit, puis monte au sommet de la tour où il fait entendre des cris lamentables.
Lorsque les chiens le rencontrent, ils s'arrêtent ou s'enfuient la queue basse;
le plomb du chasseur ne peut l'atteindre : si on le poursuit sans armes, il ne s'enfuit pas, il vous promène, vous égare dans les douves ou il s'éloigne tout doucement en perdant de sa taille, puis il disparaît tout à coup, sans que l'on puisse découvrir sa retraite.

Les ruines du château d'Issserpont sont gardées par un chien noir dont voici la légende :
« Une vieille femme prédit à deux chevaliers en train de boire qu'avant une heure l'un d'eux vendrait son âme au diable.
Le château est assiégé, et le sire, sur le point d'être forcé, est sauvé par l'apparition d'un chien noir qui chasse ses ennemis.
Alors la vieille apparaît et veut lui acheter son âme; il refuse, mais le chien ayant disparu, les ennemis reviennent, et le seigneur consent à la vente.
La vieille lui dit qu'il aura des trésors et que le chien les gardera dans le château d'Isserpont.
Elle ajoute que plus tard le château s'effondrera et qu'il y croîtra un buisson qui aura un pouvoir magique.
Depuis, ce buisson s'agite la nuit, et l'on entend les aboiements du chien.
On a tenté de déblayer le château; mais les gens sont morts et les pierres reviennent à leur place;
quand on essayait de pénétrer, le chien noir apparaissait. »


Suite…


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